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11 novembre.

Au début de la nuit, les Allemands ouvrent un feu violent, mais peu précis, avec des mitrailleuses qu’ils ont installées dans des maisons ruinées, près du pont. Mais notre artillerie les réduit vite au silence, et je la maintiens en action, toute la nuit, sur la ville où de nombreux incendies font des ravages activés par une violente tempête d’Ouest. Nous installons un petit canon de 37 près du pont, et une pièce de 75 près du passage à niveau de Caeskerke, pour enfiler la route qui va du pont à la ville. Nous commençons aussi, entre le pont et Caeskerke, des cheminements abrités qui deviennent nécessaires.

Au cours de la journée, l’ennemi continue de bombarder notre secteur, mais moins violemment que d’habitude. Il n’essaie pas de déboucher de Dixmude, mais il est très actif dans le Beerst-Bloot, polder au Nord de la ville. Peut-être songe-t-il à franchir l’Yser dans cette région, et j’appelle l’attention du haut commandement sur cette possibilité, mais je crois plutôt qu’il travaille à construire des tranchées face à l’Ouest, parce qu’il ne peut utiliser nos anciennes lignes, qui sont face au Nord, et que nous prenons d’enfilade.

Pour ce qui concerne l’infanterie, je me trouve maintenant beaucoup plus à l’aise, avec la situation suivante :

Marins : 2 bataillons sur l’Yser Nord et Sud ; 1 bataillon en soutien du front de l’Yser ; 1 bataillon au front Nord.

Troupes belges : 1 bataillon de ligne en réserve à Oude-Barreel ; 2 compagnies à De Kapelhoek, au Sud du pont-rail ; 1 bataillon de chasseurs dans les fermes le long de la route Oude-Barreel-Oude-Cappelle ; 1 bataillon de chasseurs à l’Est d’Ootskerke ; 1 compagnie du génie aux travaux de la route Dixmude-Caeskerke.

Les 600 Sénégalais qui restent, cantonnent à Caeskerke, village où ils reconstituent un bataillon, mais leur état sanitaire est des plus médiocres. Les deux bataillons de marins qui ont été si éprouvés la veille sont envoyés plus en arrière, aux environs d’In de Rabelaar, pour se reconstituer, eux aussi. L’artillerie du secteur est placée sous les ordres du colonel Coffec, du 60e régiment, en qui j’ai le plaisir de retrouver un concitoyen, et nous faisons nos adieux au colonel de Wleschouwer, qui rejoint sa division d’armée.