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Au reste, si quelques doutes avaient pu subsister sur le sens hiérarchique de la formule, proposée et acceptée, ils furent dissipés par la discussion qu’elle dut subir lorsqu’elle fut présentée aux Chambres. Il est facile de s’en convaincre en se reportant aux séances parlementaires d’avril 1905. Sur l’interpellation de M. Ribot, M. Briand, rapporteur de la loi, reconnut très nettement qu’aux termes de l’article IV la seule manière pour nos Associations Cultuelles de se conformer à l’organisation générale du Culte était d’obtenir l’approbation de l’évêque, — cette déclaration fut confirmée à la même séance par M. Bienvenu-Martin, alors ministre des Cultes. M. Ribot posa la question et la résolut, en affirmant le principe que le prêtre catholique est celui qui est reconnu comme tel par l’évêque et l’évêque catholique celui qui est reconnu comme tel par le Pape : « Ce sont là, en effet, affirma-t-il, les règles d’organisation générale du culte catholique ; d’autres cultes, nés du schisme, peuvent ne pas craindre de divisions nouvelles et même en vivre, mais l’Eglise catholique vit d’unité et ne saurait même se concevoir en dehors d’une hiérarchie étroite qui va du Souverain-Pontife au dernier vicaire de nos paroisses rurales… C’est là un fait, affirma-t-il, nous n’avons pas à le consacrer, nous devons le reconnaître et le respecter. » Et il demanda à M. Briand si tel était bien le sens qu’on devait attribuer à la nouvelle rédaction de l’article IV. M. Briand répondit affirmativement et il le fit dans les termes les plus nets, aux applaudissements de la droite et du centre, et au bruit des protestations violentes de la gauche.

Aucune équivoque n’était plus possible et, si elle l’eût été, le vote qui suivit cette discussion aurait achevé de la dissiper. L’article IV fut voté non seulement par tous les députés modérés, mais par tous les députés catholiques, à, l’exception de deux ou trois personnalités connues par leurs attaches aux partis politiques. Tous les sectaires, au contraire, lui refusèrent leurs suffrages. Ce vote fut alors acclamé et commenté par l’opinion publique comme une victoire pour la cause de l’Eglise et une défaite pour ses ennemis. C’est à ce titre que M. Albert de Mun le célébra avec plus d’éloquence peut-être que de discrétion.

Rien, semblait-il, ne pouvait ajouter à ce triomphe que l’application de cet article IV faite par le tribunal chargé de l’appliquer aux conflits que soulèveraient devant lui les