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fille de 20 à 22. L’ouvrier touche en outre, s’il est marié, une prime mensuelle de 500 marks pour sa femme, et une autre de 120 marks pour chaque enfant ou toute autre personne à sa charge.

— Tous nos ouvriers, me dit le directeur de la Distillerie, sont organisés et inscrits au P. P. S. (parti populiste social-liste). Ils nomment périodiquement cinq hommes de confiance, qui sont responsables pour tous leurs camarades et traitent avec moi une fois par semaine toutes les questions d’ordre intérieur.

« Le produit brut de notre usine s’élève annuellement à un milliard de marks ; le bénéfice net oscille entre deux et trois cents millions. Nous produisons en moyenne 1.000 tonnes par jour et 60 pour 100 de notre production sont réservés à l’exportation. Nous exportons beaucoup en Allemagne, en Autriche, en Italie et en Tchéco-Slovaquie, un peu en Suède ; la France ne figure sur nos rôles que pour un chiffre insignifiant. »

Voici un problème qui mériterait d’être éclairci : les capitaux français engagés dans l’exploitation du pétrole galicien dépassent de beaucoup un milliard de francs ; il atteint presque deux milliards. Le consortium français « Groupe Pétrolifère du Nord, » qui réunit les sociétés de Dombrowa, de Wankova, de Potok et des Karpathes, contrôle une production mensuelle d’environ 1.000 wagons, c’est-à-dire 10.000 tonnes de pétrole. Il peut traiter dans ses propres raffineries 20.000 tonnes par mois. La Silva Plana, dont je viens de parler, est encore une société française établie à Boryslaw, à Tustanowicy ; elle produit mensuellement 6.000 tonnes. Les capitaux français entrent également, pour tout ou pour partie, dans plusieurs autres syndicats : « Compagnie internationale Petroleum, » Limanowa, etc. Bref, on peut estimer que, pour l’ensemble de la Galicie, orientale et occidentale, la production française représente à peu près un quart de la production totale de pétrole. Or, au moment où j’étais en Galicie, on n’avait pas encore dirigé vers la France un titre de toute cette huile, brute ou raffinée, produite par des Français. Cette situation paradoxale résulte, pour une part, du système de restriction et de contrôle que le gouvernement polonais a cru devoir appliquer à l’exportation de quelques produits, et dont il sera question plus loin. Mais j’ai entendu des producteurs français se demander si l’on ne devrait pas en rendre responsables, pour une autre part, l’inertie et l’imprévoyance de notre gouvernement.