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LE CHARBON. — LA QUESTION DE HAUTE-SILÉSIE

La perspective, d’ailleurs aléatoire, de réaliser en peu de temps de grands bénéfices, ne pouvait manquer d’attirer en Galicie force capitaux étrangers. Beaucoup de Polonais raisonnables déplorent que l’industrie du pétrole ait bénéficié trop exclusivement de cette affluence. Un grand industriel de Cracovie, qui fut délégué technique à la Conférence de Paris, M. Bénis, m’en faisait un jour l’observation :

— Pourquoi, me disait-il, le capital français ne s’intéresse-t-il pas à quelques-unes de nos industries plus stables, j’allais dire plus sérieuses que celle du pétrole ? Nous avons vu avec satisfaction le Creusot entrer dans la métallurgie polonaise en acquérant l’importante affaire de Tchinitz. Mais nos industries textiles, nos verreries, nos charbonnages sont susceptibles d’un grand développement ; ne nous aiderez-vous pas à le réaliser ?

« Nous avons peine à nous défendre contre l’intrusion des capitaux allemands. Au lendemain de l’armistice, j’ai été chargé par le gouvernement polonais de racheter toutes les actions de charbonnages possédées par les Allemands en Galicie. Il n’y a plus aujourd’hui dans nos houillères que des capitaux polonais, belges et français. Mais il s’en faut de beaucoup que tous nos terrains carbonifères soient exploités, et que le produit de l’exploitation couvre les besoins actuels du pays. Or, pour que la Pologne vive, il faut qu’elle développe considérablement ses industries et qu’elle augmente par conséquent ses disponibilités en charbon. Pour ne parler que de la Galicie, les mines de Jaworzno, de Libianz et de Brzeszcze possèdent chacune environ 150 kilomètres carrés de terrains carbonifères encore inexploités. En 1917, le gouvernement autonome de Galicie a racheté au Sud de la Vistule une énorme concession (750 kilomètres carrés) qu’avait acquise, après prospections très favorables, une société de Mecklembourg. C’est la mine de Spytkowice, dont la production annuelle pourra s’élever à un million de tonnes. L’État polonais a entrepris les travaux de construction : mais là encore, il faut des capitaux. »

L’abondance des ressources de la Pologne on charbon me fut confirmée à Varsovie par le secrétaire de la Société des ingénieurs, qui avait bien voulu réunir à mon intention une petite