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simplement comme un budget de liquidation et d’attente ; il se ressent de l’incertitude et de l’insécurité générale, en ce qui concerne l’état de guerre et l’état de paix dans le monde entier. » S’il est vrai que la Marine militaire a subi, du fait de la guerre, des transformations profondes, qui excusent l’incohérence de son budget, du moins ne saurions-nous admettre que, depuis l’armistice, aucune ébauche de réforme n’ait encore été réalisée. M. Landry a bien annoncé à un reporter du Petit Parisien l’imminence du dépôt d’un programme naval mais tout s’est passé jusqu’ici en discours et en promesses. Cependant, les problèmes qui se posent sont multiples et impérieux.


Il est facile d’établir par doit et avoir le bilan de la Marine. Son budget, tel qu’il a été présenté par le département, se montait à 784 millions pour le budget ordinaire et à 121 millions pour le budget extraordinaire, soit un total de 905 millions. Encore, toutes les dépenses des arsenaux n’étaient-elles point incluses dans ce chiffre. Une partie des matières premières nécessaires à la construction des quelques navires marchands mis en chantier dans nos ports devait être fournie sur les fonds du Sous-secrétariat de la rue de Boccador. Si on compare ce budget à celui de 1914, seule façon de savoir quels enseignements on a retirés de la guerre, cette comparaison fait ressortir des résultats décevants. Tous les chapitres d’administration sont en voie d’accroissement notable, tandis que les chapitres de reconstitution des stocks de guerre, de construction neuve et d’outillage marquent une diminution très nette, sauf le chapitre de l’aéronautique dont on ignorait encore l’avenir en 1914. Quel aveu d’impuissance ! Les chapitres de l’administration centrale ont augmenté de 5 millions, ceux de la police maritime de 4 millions, du personnel des constructions navales de 9, millions ; ceux du personnel administratif de gestion et d’exécution, de 10 millions ; les salaires d’ouvriers des constructions navales figurent pour 28 millions, contre 7 millions seulement en 1914. En revanche, nous constatons que les dépenses relatives aux constructions neuves sont inférieures en 1920, par rapport à 1914, de 70 millions ; les dépenses incombant aux stocks de ravitaillement de l’artillerie navale ont diminué de 40 millions, alors que le prix des matières premières a augmenté.