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manque de charbon, de l’insuffisance des matières premières et de la raréfaction de la main-d’œuvre. Il conviendrait donc d’établir, avec le concours de l’Amérique et de l’Angleterre, des accords internationaux qui pussent lui assurer un meilleur ravitaillement en charbon. Il conviendrait également de favoriser entre l’Autriche et les nouveaux États héritiers de l’Empire des ententes purement économiques, pour permettre à celle-là de recevoir de ceux-ci les matières premières qui lui font défaut. Il conviendrait enfin de hâter l’assainissement monétaire et la liquidation de la Banque austro-hongroise. C’est à la Commission des Réparations qu’il appartient de nommer les liquidateurs. Il est souhaitable que cette nomination ne se fasse pas attendre. Mais c’est l’Autriche elle-même qui doit améliorer sa situation budgétaire, au lieu d’aller joindre ses lamentations à celles de l’Allemagne devant la conférence financière de Bruxelles. Le déficit avoué est de cinq milliards et le docteur Reisch a eu la candeur de déclarer qu’il laissait aux Alliés le soin de le combler. Le gouvernement autrichien a fait voter quelques impôts sur le capital et sur le revenu, mais il n’a pas songé à réaliser la moindre économie. La Commission des Réparations l’a prié de diminuer le nombre des fonctionnaires, qui est déraisonnable et entraîne une dépense annuelle de cinq milliards et demi. Comme ces fonctionnaires sont des agents électoraux, le ministère a répondu : « Tout ce que je puis faire, c’est de réduire au minimum les nouveaux engagements. » Et il conserve ses parasites, dans l’espoir que les Alliés les paieront. A Vienne comme à Berlin, c’est donc la même pensée : laisser aux vainqueurs les charges de la guerre et présenter les vaincus, qui ont été les agresseurs, comme les victimes les plus dignes de compassion. Le 19 juillet dernier, le président du Conseil, M. Mayr, ne disait-il pas très simplement à Innsbrück : « Nous attendrons que ces messieurs de la Commission des Réparations nous aident enfin avec les crédits qu’ils nous ont promis. » Ainsi, on attend que la manne tombe du ciel de la Commission et on se croise les bras.

On les décroise seulement pour faire de temps en temps, quelques gestes de menace, comme celui que les pangermanistes viennent d’obtenir de l’Assemblée nationale. Déjà, le 22 avril, le chancelier Renner avait annoncé qu’après la ratification du traité de Saint-Germain, l’Autriche demanderait à entrer dans la Société des Nations pour être ensuite rattachée à l’Allemagne. Déjà, le 20 juin, Je président Seitz avait formé publiquement, dans une fête d’instituteurs, le vœu que les aspirations allemandes fussent bientôt satisfaites. Déjà,