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Qui ne goûterait la savoureuse simplicité de ces quelques mots ? La bonhomie déférente, avec laquelle ils furent prononcés, valait bien de plus solennels engagements.

Au banquet qui, le soir, réunit, sous la présidence de M. Den Tex Bondt, la plus élégante société d’Amsterdam, ce fut un grand regret que M. Poincaré eût, pour une fois, fait mentir la réputation qu’il a d’une ubiquité devenue proverbiale. Du moins M. Paul Labbé nous a-t-il lu une très belle et très éloquente lettre où celui qui, hier encore, personnifiait la France, fait à l’union des deux nations un chaleureux appel, aussitôt salué par d’enthousiastes acclamations.


Que cette magnifique œuvre française, écrit en terminant M. Poincaré, ait été En grande partie, conçue et méditée en Hollande, rien n’est assurément mieux fait pour unir nos deux pays. Ensemble ils ont été les témoins d’une des grandes révolutions qui se sont accomplies dans l’ordre de l’esprit. Puissent-ils trouver dans ce noble souvenir des motifs supplémentaires de servir en commun la civilisation et le progrès !


Telle est bien la conclusion qui se dégageait de tous les spectacles auxquels nous venions d’assister et tel le vœu qui était dans tous les cœurs. Un éminent professeur hollandais, M. Saalverda de Grave, s’est levé pour dire que si les derniers événements ont exalté en Hollande la sympathie pour la France, ils n’ont pas eu à créer cette sympathie. Il ajoutait, répondant par avance a une objection, que notre influence ne saurait être un danger pour l’indépendance intellectuelle de la Hollande, et qu’elle en est au contraire une condition, attendu qu’elle fait contrepoids à d’autres influences souvent moins discrètes. Sachons entendre de telles paroles ! Alors que le rôle civilisateur de la France recommence d’apparaître dans tout son éclat aux yeux du monde, on ne peut douter que le moment soit merveilleusement choisi pour resserrer entre France et Hollande les liens de l’amitié intellectuelle. Nous avons le ferme espoir que cette manifestation spontanée en l’honneur du plus illustre des penseurs français en sera l’heureux signal.


RENE DOUMIC.