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après de laborieuses négociations, que le jour et à l’heure où la note devrait être remise au gouvernement royal, une force navale alliée apparaîtrait dans les eaux d’Athènes, escortant des transports chargés de troupes prêtes à débarquer. La remise de la note et l’apparition de l’escadre au Phalère et au Pirée devraient être simultanées. Telles étaient les décisions finalement arrêtées et c’est d’après ce programme que les ministres alliés résidant à Athènes réglaient leur marche et leur conduite.

Le commandement de l’escadre alliée avait été, d’un commun accord, attribué au vice-amiral Moreau, commandant la division navale française de Salonique. On avait mis sous ses ordres les amiraux français Charlier et Habert, et l’amiral anglais Freemantle. Ils avaient reçu ses instructions, commençaient à les exécuter. Plus de vingt bâtiments étaient déjà en route. Dans l’intervalle, l’amiral Dartige du Fournet, commandant en chef les flottes alliées de la Méditerranée, se trouvant à Milo en tournée d’inspection, s’était rendu de là à Modros, où il avait conféré avec l’amiral de Robeck, commandant les forces navales anglaises, puis à Salonique. En y arrivant, il faisait savoir qu’en sa qualité de chef suprême, il prendrait lui-même la direction des opérations et resterait à Salonique sur le Jurien de la Gravière jusqu’à la fin de la crise.

A Athènes, toutes les informations recueillies depuis cinq jours par le service des renseignements dans les milieux militaires et politiques, s’accordaient à dire que le débarquement serait une entrée triomphale. Avertis par les préparatifs commencés au Pirée et au Phalère, les agents et les nationaux ennemis, affolés, s’enfuyaient à Athènes ou à Tatoï[1]. La population du Pirée se préparait à fêter nos soldats. Sous la conduite de sa municipalité entièrement vénizéliste, elle organisait une solennelle manifestation en leur honneur. Des fleurs devaient être offertes aux premiers détachements débarqués. On spéculait déjà sur l’étamine aux couleurs françaises destinée à confectionner des drapeaux et les commerçants escomptaient de gros bénéfices !

Outre la préparation matérielle du débarquement (postes d’amarrage, réquisition de chalands et remorqueurs,

  1. Le Versailles d’Athènes, résidence d’été de la cour.