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avait d’abord voulu lui donner. L’ultimatum ne viendrait que, si, au bout de 48 heures, le gouvernement royal ne cédait pas aux exigences dont il allait être l’objet. Déçus par ce changement dans l’opération projetée et pour en atténuer l’effet, les Ministres alliés à Athènes ne pouvant montrer les forces navales et militaires décidaient de les annoncer le lendemain dès le matin, au Roi, au Gouvernement et au peuple par la voie de la presse, afin d’utiliser cette menace à défaut de la présence réelle.

Rédigée à Athènes, approuvée à Paris, à Londres et à Pétrograd, la note collective était prête. Dès le début, les Puissances alliées déclaraient, à titre de rappel, qu’elles ne demandaient pas à la Grèce de sortir de sa neutralité. Elles en donnaient une preuve éclatante en mettant au premier rang de leurs demandes la démobilisation totale de l’armée grecque, pour assurer au peuple hellénique la tranquillité et la paix ; mais elles alléguaient les motifs nombreux et légitimes de suspicion que leur suggérait l’altitude du Gouvernement grec, laquelle n’était pas conforme à ses engagements réitérés, ni même aux principes d’une neutralité loyale. On lui reprochait d’avoir trop souvent favorisé les agissements de certains étrangers qui avaient travaillé ouvertement à égarer l’opinion du peuple grec, à fausser sa conscience nationale et à créer sur le territoire hellénique des organisations hostiles contraires à la neutralité du pays, et tendant à compromettre la sécurité des forces militaires et navales des Alliés. Il n’était pas jusqu’à l’entrée en Grèce des forces bulgares, l’occupation du fort de Rupel et d’autres points stratégiques avec la connivence du Cabinet hellénique, qui ne constituassent pour les troupes alliées une menace qui obligeait les trois Puissances à réclamer des garanties et des mesures immédiates.

D’autres griefs étaient évoqués : la constitution grecque avait clé méconnue, le libre exercice du suffrage universel empêchés, la Chambre avait été dissoute pour la seconde fois en moins d’un an contre la volonté nettement exprimée des électeurs, ceux-ci convoqués en pleine mobilisation et bien que la Chambre actuelle ne représentât qu’une faible partie du collège électoral ; le pays tout entier était soumis à un régime d’oppression et de tyrannie policière. Cette attitude hostile du Gouvernement hellénique envers les Puissances qui avaient affranchi la Grèce du joug étranger et assuré son indépendance, la