Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 60.djvu/544

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au gouvernement royal la dissolution des ligues de réservistes et qu’on mit ces groupes séditieux hors d’état de violer la neutralité. Ce n’est qu’en arrêtant ou en expulsant les chefs de ces ligues qu’on en finirait avec les éléments hostiles dont les Alliés avaient laissé croître l’audace et se multiplier les méfaits. Plusieurs de ces chefs étaient connus ; ils figuraient sur les listes des Grecs à qui le séjour du territoire hellénique devait être interdit. Rien encore n’avait été fait contre eux, mais les circonstances étaient maintenant opportunes pour délivrer la capitale de leur despotisme.

L’amiral Dartige étant arrivé, l’attaché naval s’en félicitait : « La présence de l’amiral, écrivait-il au ministre de la Marine, est très utile pour faire avancer les choses ; il introduit dans le concert diplomatique une note d’action indispensable et dans les décisions du gouvernement grec une ombre de menace très salutaire. Grâce à lui, on finira sans doute par aborder la question des sanctions à prendre contre les Grecs affiliés à l’organisation allemande. » Mais, sur ces entrefaites, on apprenait que Zaïmis abandonnait le pouvoir ; il avait déposé sa démission entre les mains du Roi. Il succombait sous les défiances du gouvernement occulte sans avoir gagné la confiance des Alliés. La crise ministérielle étant ouverte, les représentants de l’Entente décidaient de surseoir à leurs exigences relatives au contrôle télégraphique et aux mesures contre les Grecs hostiles et d’attendre que la vacance du pouvoir eut pris fin. Les noms que l’on prononçait à propos de la crise faisaient craindre qu’un ministère où ces noms figureraient constituât un véritable défi à l’Entente Toutes les décisions à prendre restaient donc en suspens. Le ministère Zaïmis avait ouvert une enquête sur l’attentat commis le 9 septembre contre la légation de France, mais, suivant l’habitude grecque, elle était déjà tellement embrouillée qu’elle menaçait de, n’aboutir qu’à des sanctions contre des innocents ou des comparses. Dans les régions de la Cour, on allait jusqu’à prétendre que les organisateurs de cet attentat appartenaient au parti français. N’avait-on pas déjà dit que l’incendie de Tatoï avait été allumé par des mains françaises ?…

A la faveur du désarroi gouvernemental résultant de la crise ministérielle, les ligues soudoyées par les largesses de Berlin continuaient à se réunir, comme si elles eussent été prolongées à dessein pour repousser les demandes de l’Entente et la berner