Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 60.djvu/568

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les membres du Comité local et à dîner, en famille, car Mme Cox est venue rejoindre son mari. Ce sera sa première récréation, si l’on peut dire, depuis qu’il a entrepris cette longue tournée électorale.

Au cours de la soirée, M. Cox me reçoit dans sa chambre et m’expose ses idées sur les relations franco-américaines :

— Mes sentiments envers la France, dit-il, sont ceux d’un fils envers sa mère. Nous savons qu’elle est la grande blessée de la guerre et qu’elle a souffert plus qu’aucune autre nation. Mais il n’y aura pour elle de possibilité de résurrection, je parle surtout au point de vue matériel, que lorsque la situation en Europe se sera stabilisée. Et, pour cela, il faut que la politique des États-Unis soit déterminée dans un sens ou dans l’autre. Adopterons-nous la devise : « l’Amérique d’abord, » ou entrerons-nous dans une Société dont quarante nations font déjà partie ? Jamais les électeurs américains n’ont été appelés à résoudre problème plus grave et d’une plus haute importance morale.

— Gouverneur, que pensez-vous de l’aide que l’Angleterre et les États-Unis ont promise à la France, dans le cas où l’Allemagne l’attaquerait subitement ? Seriez-vous prêt, si vous étiez élu Président, à souscrire à l’engagement signé par M. Wilson ?

— Oui, nous serions prêts à remplir toutes nos obligations.

— Êtes-vous partisan de l’entrée de l’Allemagne dans la Société des Nations ?

— Oui, je voudrais que toutes les nations fissent partie de la Société, si du moins elles s’engagent à en observer les statuts. Je voudrais que l’Allemagne, elle aussi, y fût admise, dès qu’elle aura donné les preuves de sa bonne foi et de sa bonne volonté dans l’exécution des clauses du Traité de Versailles. »


Saint-Louis (Missouri), 11 octobre.

Le Comité démocratique de Saint-Louis a organisé ce lundi soir un meeting monstre dans l’énorme salle du Coliseum.

Notre train s’approche de la grande ville qui étend ses faubourgs industriels au long des rives du Mississipi. C’est le crépuscule. Le soleil, à l’horizon, apparaît comme une grosse orange dans un halo grisâtre de poussières et de fumées. Ce ne sont qu’usines et que halls vitrés, dans un réseau de voies ferrées qui s’entrecroisent à l’infini. Ses hautes cheminées se