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offensive avec quarante autres nations… Mais où les querelles naissent-elles ? Là-bas (C’est-à-dire en Europe). Où fait-on la guerre ? Là-bas… Où sont toutes les frontières qu’il faut sauvegarder ? Là-bas…Où sont tous les faillis ? Là-bas… En revanche, où la paix règne-t-elle ? Ici… Où l’argent se trouve-t-il ? Ici… Où sont les Nations qui ont signé ce pacte merveilleux ? Là-bas… Qu’est-ce que vous pensez de ma proposition : Laissons donc ceux qui l’ont signé se tirer d’affaire là-bas, pendant que nous, nous resterons tranquillement ici ? »

Les paroles de ces deux orateurs républicains illuminent toute la campagne présidentielle : voter pour le sénateur Harding, c’est voter contre la Société des Nations.


* * *

Ce vendredi soir, 15 octobre, M. Harding parlera au Tomlinson Hall d’Indianapolis. Dès six heures, la foule s’écrase devant les portes de cette vaste salle, et les femmes ne sont pas les moins ardentes à vouloir forcer la consigne. Les milliers d’auditeurs qui n’entendront pas le Sénateur dans le hall seront récompensés de leur zèle en écoutant le deuxième discours qu’il fera en plein air sur le balcon du Club républicain. Cinq mille personnes s’entassent dans cette salle qui en peut contenir trois mille cinq cents. La patience de ces électeurs, — et de ces électrices, — est admirable. Il n’est que sept heures du soir, et ils sont là, debout par centaines, entre les travées des sièges, qui attendront jusqu’à huit heures et demie l’arrivée du Sénateur.

Pour faire passer le temps, le secrétaire du Comité se dépense et fait à la fois fonctions d’huissier et de chef d’orchestre. Il fait un signe aux musiciens, et en battant la mesure, invite les cinq mille assistants à chanter avec lui, sur un air connu, des couplets qui ridiculisent le gouverneur Cox. Cette parodie de la mélodie Bulle de savon est conçue en ces termes :

« Cox a un programme. — Mais ce n’est qu’un rêve. — Il ne nous trompera pas. — Il s’imagine être le seul homme qui puisse commander à la terre et aux océans. — Mais tout cela ce sont des bulles de savon qu’il lance vers le ciel (bis).

Refrain : Cox fait des bulles, — de petites bulles qui montent, — et qui montent là-haut, — si haut qu’elles éclatent, — au grand dam des pauvres démocrates. »