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national. Sait-on, par exemple, que le programme du parti républicain a dû être imprimé en quarante-trois langues différentes, parce que 72 pour 100 des citoyens américains, à l’Est du Mississipi et au Nord d’une ligne droite qui joindrait Baltimore à Saint-Louis, ne parlent presque pas l’anglais, ou du moins ne le savent pas assez pour le lire ? D’où la nécessité de traduire les pensées de M. Harding en polonais, en tchèque, en hongrois, en italien, en hébreu, en allemand, etc…


31 octobre.

La campagne électorale de M. Cox bat tous les records. Voici quelques chiffres qui en donneront une idée. Depuis que la Convention de San Francisco l’a désigné comme candidat, M. Cox a parcouru trente-cinq mille kilomètres sur les voies ferrées du pays. Il a visité en détail trente-six États et parlé devant deux millions d’électeurs. Il vient de rentrer dans son foyer de Dayton et attend l’imminent résultat de la consultation nationale. A dire vrai, ses chances sont minimes, bien qu’il ait déclaré hier soir : « L’Humanité souffrante attend la voix de l’Amérique. Le sentiment de ce pays est en grande majorité en faveur de la Société des Nations. Le vote du 2 novembre signifiera pour le monde la joie ou la souffrance. »

Et pourtant, M. Cox ne sera pas élu. Les statistiques préliminaires dans les États douteux sont en faveur de M. Harding. La cote du candidat républicain est 8 contre 1. Son élection est déjà considérée comme assurée. L’autre soir, les rues de New-York ont été le théâtre d’une démonstration colossale. Une retraite aux flambeaux a réuni cinquante mille républicains qui, porteurs de longues torches électriques rouges et vertes, ont parcouru à la tombée de la nuit les artères principales de la grande ville. Vue d’un trentième étage, cette procession de torches offrait un spectacle inoubliable. On eût dit que des myriades de lucioles se répandaient dans la cité, entre les falaises abruptes des gratte-ciel en ténèbres.


1er novembre.

Le sexe faible se prépare pour l’élection. Une douzaine de millions de femmes iront demain joindre leurs bulletins de vote à ceux de la gent masculine. Cette année, pour la première fois, les citoyennes de l’Union, collaboreront intimement à l’élection du Président. La nouveauté du fait réside surtout dans