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LA FILLE D’ÉLÉAZAR[1]



DERNIÈRE PARTIE[2]


XXXI

Ce matin de la communion, le petit Éléazar se leva de très bonne heure. Il avait dormi avec sa mère, dans la chambrette de Debourah jeune fille. Oh ! la douce nuit qu’il avait passée auprès d’elle, blotti contre sa poitrine ! Combien c’avait été délicieux de lui dire toutes ses joies, sa fierté de savoir la gémara par cœur, ses soupçons et ses espérances sur les cadeaux qu’il recevrait le lendemain, et enfin son impatience de posséder la belle montre que son père lui avait fait entrevoir, en soulevant à peine le couvercle de la boîte…

Cependant la voix de Rabbi Eléazar appelait : — On est levé là-haut ? Le soleil couvre déjà la vigne ! Il va être bientôt l’heure…

Un instant après, arrivèrent les compagnons, les deux orphelins de Meyer l’aveugle, souliers vernis, complets noirs et cravates blanches. Rabbi Eléazar leur offrit à chacun une aumônière de velours pourpre, magnifiquement brodée d’or, qui contenait les tellites et les tiphellines…

A mesure, la maison s’éveillait. On entendait courir, parler haut. Les hommes se hâtaient de s’habiller pour accompagner les communiants à la synagogue. Les femmes les rejoindraient un peu plus tard dans la matinée…

Enfin parut Eléazar, sous un costume de flanelle blanche,

  1. Copyright by Elissa Rhaïs, 1920.
  2. Voyez la Revue des 15 octobre, 1er  et 15 novembre.