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4 février.

Adolphe Dumas, l’auteur de la Cité des hommes, était un soir chez Michaud, de l’Académie française, et lui parlait de Ballanche, qui se présentait le lendemain pour l’Académie française :

— Ah ! parbleu, dit-il, puisque nous en parlons, dites-moi donc ses titres ! Qu’a-t-il écrit ?

Il ne connaissait pas le titre d’un seul des huit beaux volumes de ce grand écrivain ! On nomme, je crois, Dupaty.

Qu’est-ce donc que l’Académie, grand Dieu !


15 avril.

M. Mickiewitch (sic)[1], — auteur des Pèlerins Polonais, a fait un drame : les Confédérés de Bar, me consulte.

Avis donné de ne pas faire, du seul Français de la pièce, un rôle de niais !


26 janvier.

Plus attentif à voir mes idées publiées à travers les rangs de la société et germer par degrés, je suis plus satisfait d’un plagiat que d’un éloge. Aussi je viens de voir avec plaisir dans un journal démocratique : le Bon sens, du 2 janvier, mes propres expressions de Servitude et grandeur répétées dans un article politique :

« Dans ce grand naufrage des croyances, l’honneur est peut-être le seul frein moral qui nous soit resté ! »

Heureusement, comme un frein est plus utile à un cheval qu’à un vaisseau au milieu d’un naufrage, j’avais écrit[2] :

« Dans le naufrage universel des croyances, quels débris où se puissent rattacher encore les mains généreuses ? hors l’amour du luxe d’un jour, rien ne se voit à la surface de l’abîme… Un point m’a paru solide sur cette sombre mer… L’honneur… etc. »


4 février.

Je commence à écrire la Seconde consultation du Docteur Noir.

  1. C’est Mickiewicz, le grand poète et patriote polonais.
  2. Dans Servitude et grandeur Militaires, la Canne de Jonc, chap. X, conclusion. Vigny le cite en modifiant un peu le texte.