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« L’horrible forfait de Sarajevo a mis en pleine lumière les manœuvres malfaisantes de déments fanatiques et les menées panslavistes qui menacent l’armature de l’Etat. Je dois m’abstenir de prendre position dans la question ouverte entre Ton gouvernement et la Serbie. Mais j’estime que c’est non seulement le devoir moral de tous les pays civilisés, mais encore une nécessité pour leur propre conservation, que d’opposer les mesures les plus énergiques à cette propagande par le fait, dont l’objet principal est de briser la solide cohésion des monarchies. Je ne m’aveugle pas davantage sur le sérieux danger qui menace Tes États et par suite la Triple-Alliance, vu l’agitation des panslavistes russes et serbes, et je reconnais la nécessité de libérer les frontières méridionales de Ton empire de cette sévère pression.

« Je suis donc prêt à seconder dans la mesure du possible les efforts de Ton gouvernement pour empêcher la formation, sous le patronage de la Russie, d’une nouvelle alliance balkanique dont la pointe est dirigée contre Toi, et à provoquer, pour parer à ce danger, l’adhésion de la Bulgarie à la Triple Alliance. En conséquence, et en dépit de certaines hésitations motivées en première ligne par le peu de confiance qu’on peut avoir dans le caractère bulgare, j’ai fait donner à mon envoyé à Sofia les instructions nécessaires pour qu’il appuie dans ce sens les démarches de Ton représentant, lorsque celui-ci en exprimera le désir. Par ailleurs, j’ai donné ordre à mon chargé d’affaires à Bucarest de parler au roi Carol conformément à Tes indications, et de lui faire ressortir, en appelant son attention sur la situation nouvelle créée par les derniers événements, la nécessité de se détacher de la Serbie et de mettre un frein à l’agitation dirigée contre Tes États. J’ai fait en même temps insister sur la grande importance que j’attache à la conservation des bons rapports d’alliance confiante maintenus jusqu’à ce jour avec la Roumanie, rapports qui, même dans le cas d’une adhésion de la Bulgarie à la Triplice, ne devraient subir aucun dommage.

« En terminant, permets-moi d’exprimer le désir cordial qu’il puisse T’être donné, après ces dures journées, de trouver un délassement dans Ton séjour à Ischl.

« Crois à l’attachement sincère et à l’amitié de

« Ton ami fidèle,

« GUILLAUME. »