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AVANT LA CONFÉRENCE DE WASHINGTON

II
LA MARINE FRANÇAISE
ET LE DÉSARMEMENT

La limitation des armements navals est la première question inscrite à l’ordre du jour de la conférence de Washington. A l’origine, la réunion provoquée par le Président Harding devait même être circonscrite entre l’Angleterre, le Japon et l’Amérique, et se borner à l’étude des moyens propres à réduire les dépenses entraînées par la réalisation du programme naval de ces trois pays. D’autre part, le problème du Pacifique est essentiellement maritime. Ces archipels, disséminés au milieu d’immensités mouvantes par le grand souffle de l’alizé, ne présentent point en eux-mêmes un avenir suffisant pour déterminer un conflit entre deux grands peuples. Ce qui fait la valeur des îles de l’Océanie, c’est qu’elles sont les lignes d’étape qui permettent à deux races de se pénétrer. Le Pacifique formait autrefois un glacis infranchissable aux migrations venant de l’Ouest à l’Est, à cause du régime des vents établis en sens contraire. Ce fait explique que l’Amérique du Nord et du Sud a été peuplée par l’Europe et non par l’Asie. Ce que les jonques chinoises n’ont jamais osé : traverser l’Océan Pacifique, les cuirassés japonais peuvent le faire en quelques jours. Dans ce domaine insulaire, il n’existe pas d’autre mode de domination que les forces navales.

On s’explique ainsi l’activité fiévreuse déployée par les deux antagonistes dans la constitution de leur flotte de guerre. Le