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d’obtenir des succès politiques. C’étaient simplement des hommes qui cherchaient la justice et, si on leur reproche de ne pas l’avoir rencontrée, ils ont la consolation de se dire qu’elle n’est pas de ce monde. Ils sont, du moins, tombés d’accord sur une solution et, par-là même, ils ont apaisé, entre l’Angleterre et nous, un différend qui s’envenimait tous les jours. C’est beaucoup. Nous ne devons pas oublier, d’ailleurs, la grande part qu’ont prise à ce règlement les quatre représentants du Conseil qui avaient préparé le travail, MM. Quinonès de Léon, Hymans, da Cunha et Wellington Koo. Ils n’ont rien négligé, ni les uns ni les autres, pour mener à bien une tâche difficile. Ils ont commencé par examiner la thèse allemande de l’indivisibilité silésienne. Leur conscience leur a vite fait un devoir de l’écarter, comme contraire au traité et aux résultats du plébiscite. Ils ont donc admis le principe du partage. Mais là ont apparu, tout de suite, les difficultés. À consulter les votes émis commune par commune, on constate, en plusieurs régions, un terrible enchevêtrement des suffrages allemands et polonais. À l’Ouest de l’Oder, les premiers dominent ; ils sont également les plus nombreux au Nord-Est de l’Oder dans les cercles de Kreuzburg, d’Oppeln et de Rosenberg. Si nous jetons les yeux à l’Est, nous voyons, dans le cercle de Lublinitz, un mélange où les communes à majorité allemande ne représentent plus environ que le tiers ; et, à mesure que nous descendons alors vers le Sud, et que nous nous rapprochons du bassin industriel, nous remarquons que la proportion des localités polonaises devient de plus en plus forte. Les Allemands tiennent quelques villes, mais les Polonais occupent la presque totalité des campagnes. Il en est ainsi dans les cercles de Tarnovitz, de Tost et de Strehlitz, et à plus forte raison dans ceux de Gleiwitz, de Zabrze, de Beuthen, de Kœnigshutte et de Kattowitz ; et enfin, dans les centres de Rybnik et de Pless, la supériorité polonaise est écrasante. C’est pour déterminer le sort du bassin industriel et de la zone dont il est immédiatement entouré, que le Conseil de la Société des Nations s’est naturellement trouvé le plus embarrassé. Le partage auquel il a procédé est loin d’être parfait et, dans l’ensemble, les campagnes ont été un peu sacrifiées aux villes et les Allemands avantagés par rapport aux Polonais. Ceux-ci n’obtiennent ni Beuthen, point de jonction entre le Nord et le Sud de leurs possessions nouvelles, ni Zabrze, où ils forment une agglomération importante, ni Gleiwitz, nœud des chemins de fer du bassin. Le Conseil a voulu tenir compte de ce que, grâce aux immigrations