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REVUE. — CHRONIQUE.

M. J.-M. Kenwortky, député radical anglais, M. Jean Longuet, député français, et quelques autres internationalistes ont cru devoir s’approprier le raisonnement de l’Allemagne et protester publiquement contre la solution recommandée par la Société des Nations. Ils ont même conclu qu’à leur avis, il y avait lieu de procéder à un nouveau plébiscite, en invitant les électeurs de Haute-Silésie à choisir entre les quatre solutions suivantes 1° Le partage tel qu’il est aujourd’hui proposé ; 2° une Haute-Silésie entièrement allemande ; 3° une Haute-Silésie entièrement polonaise ; 4° une Haute-Silésie indépendante sous les auspices de la Ligue des Nations. Cette proposition perpétuerait l’agitation et offrirait à l’Allemagne de nouvelles occasions d’intriguer. On ne voit pas très bien, en revanche, quels éléments nouveaux d’appréciation elle apporterait aux Puissances. L’Allemagne n’a pas besoin d’être encouragée dans les manœuvres auxquelles elle se livre pour garder des territoires dont ses statistiques d’avant-guerre proclamaient toutes le caractère polonais.

Le bruit avait, d’abord, couru que le Cabinet britannique demanderait la convocation du Conseil Suprême, avant de prendre à son compte la « recommandation » de la Société des Nations. Sous l’heureuse influence de M. Balfour, cette idée a été abandonnée, et c’est, plus modestement, la Conférence des ambassadeurs qui a été chargée de transformer l’avis du Conseil de Genève en décision des Gouvernements alliés. La Conférence des ambassadeurs s’est réunie plusieurs fois et a eu quelque peine à se mettre d’accord. À première vue, il eût semblé très simple de notifier à l’Allemagne et à la Pologne, d’une part, la ligne frontière qui venait d’être arrêtée, et, d’autre part, les conditions de l’entente économique provisoire qu’on demandait aux deux pays de conclure. Mais une question, tout d’abord, se posait. D’après le Traité de Versailles, les Gouvernements alliés avaient certainement le droit de fixer la ligne frontière ; étaient-ils également maîtres d’imposer aux deux pays des conditions économiques, même provisoires, en dehors et en sus de celles qu’a prescrites l’article 90 ? L’article 92 disait bien que des conventions ultérieures régleraient les questions laissées en suspens. Mais, si les Alliés prétendaient dicter ces conventions, il était à craindre que l’une ou l’autre des deux Puissances intéressées, peut-être même l’une et l’autre, ne consentissent point à subir des exigences supplémentaires. En cas de refus, que se passerait-il ? La détermination de la frontière était-elle subordonnée à la conclusion des accords économiques ? N’y aurait-il rien de fait, si l’Allemagne et la