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offrir les vœux de l’amitié et à réclamer ses droits sur vos visites et vos nouvelles. Ma femme et ma famille s’unissent à mes sentiments et me chargent d’en joindre l’expression à celle de mon tendre attachement.

LA FAYETTE.


VII

La Grange, 6 prairial[1].

Permettez, madame, qu’un jeune député de La Grange aille vous remercier, au nom de toute la famille, du plaisir que nous avons eu de vous y recevoir ; il se hâte de joindre les Houzards républicains, parmi lesquels il a le bonheur longtemps désiré d’être admis ; ma femme, mes filles, mon gendre l’ont chargé de vous exprimer les sentiments qui les attachent à vous ; il vous parlera de notre ermitage, de la société qui s’y est réunie. Je me borne à vous offrir l’hommage de mon tendre respect.

LA FAYETTE.


* * *

M. Necker était mort à Coppet, le 10 avril 1804. Ce fut à Berlin que Mme de Staël apprit qu’il était gravement malade. Elle se mit aussitôt en route et ce fut à Weimar qu’elle apprit sa mort.


VIII

La Grange, 4 floréal.

Je ne sais où ma lettre vous trouvera, chère madame, mais je suis pénétré de tous les sentiments que vous éprouvez, et je suis bien sûr que vous rendez justice aux miens, et à ceux de toute ma famille. Ce n’est pas M. Necker que je plains, il a terminé une carrière de gloire et de vertu au sein du bonheur que donnent une conscience pure et d’honorables souvenirs. Il a joui de la tendresse d’une fille dont l’amour et la vénération satisfaisaient tellement toutes les facultés de son âme que, pour

  1. Il est assez difficile de fixer quant à l’année la date précise de cette lettre, Mme de Staël ayant fait à plusieurs reprises des séjours à Paris. Le fils de La Fayette servait, en effet, dans l’armée. Les Houzards ou Hussards, dont les premiers régiments avaient fait partie de l’armée française à la fin du XVIIe siècle, avaient plusieurs fois changé de nom suivant les régimes. Sous la République, on les appelait généralement les Hussarts de la mort. Je ne crois pas qu’on les ait jamais appelés les Houzards républicains.