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M. Martin-Saint-Léon sont-elles, dans leur sécheresse, d’une éloquence bien autrement significative. Voici celles qui concernent quelques concours. À l’Ecole Normale Supérieure se présentaient en 1914 (section lettres), pour 35 places, 212 candidats. En 1920, pour 30 places, 156 candidats. À la même Ecole (section sciences), il y avait en 1914, 296 candidats pour 22 places. En 1920, 185 candidats pour 20 places.

Pour entrer dans la magistrature, le nombre des candidats, avant la guerre, était en moyenne de 70 ; celui des admis de 40. Au concours de 1920, il y eut 18 candidats et 14 reçus. À l’Ecole militaire de Saint-Cyr, il y avait, en 1913, 997 candidats, 550 admis. En 1914, 1 332 candidats, 774 admis. En 1920, 386 candidats, 166 admis. À l’Ecole des Chartes, se présentaient en 1913 29 candidats pour 19 places. En 1919, 20 candidats pour 12 places. En 1920, 14 candidats pour 10 places.

Voici les chiffres comparés des étudiants de nos Facultés pour 1914 et 1920 : Droit : 6 637 et 3 332 ; Médecine : 3 245 et 1 522 ; Sciences : 1 175 et 1 558 ; Lettres : 1 327 et 907 ; Pharmacie : 562 et 315 ; Totaux : 12 946 contre 7 364.

Remarquons que si, dans la section des sciences, le nombre des étudiants s’est accru, c’est parce que le diplôme de licencié permet d’être ingénieur civil et d’obtenir un emploi rémunéré. Les carrières nécessitant comme la médecine des études longues et coûteuses sont celles qui subissent le plus fort déchet.


Nul ne saurait méconnaître la gravité de la crise que dénoncent ces chiffres auxquels il serait aisé d’en joindre tant d’autres.

Il nous arrive dans nos heures de mauvaise humeur de déblatérer contre nos fonctionnaires. Nul, quand il est de sens rassis, ne peut méconnaître l’admirable armature qu’ils ont constituée pour la chose publique depuis que Napoléon en dota la France, l’immense bénéfice que la Nation a retiré de leur travail, de leur compétence et de leur probité. Or, ce n’est pas seulement leur recrutement qui risque d’être tari en même temps que leurs qualités diminuées, c’est celui de l’élite intellectuelle tout entière. Ainsi est-ce la vie spirituelle de la France elle-même, sa raison d’être dans l’humanité, le principe lui-même de la civilisation qui est compromis.

Une des plus insoutenables prétentions du socialisme marxiste