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comme sur un visage. La source devait donc être considérée comme particulièrement salutaire pour la guérison des ophthalmies. Tous ces produits de la piété naïve des dévots sont exposés dans le petit musée que la Société de Semur a ouvert à l’entrée du village d’Alise ; on y verra aussi une cuisse de pierre qui porte l’inscription : « A Apollon Moritasgus Catianus, fils d’Oxtaius, » témoignage précieux de la nature du dieu adoré et des services que le public attendait de son intervention. Toutes ces trouvailles, comme aussi les monnaies recueillies en grand nombre dans les piscines, permettent d’attribuer les constructions les plus anciennes au premier siècle de notre ère ; mais elles paraissent bien avoir remplacé un établissement antérieur. Les Gaulois n’avaient pas attendu l’arrivée des Romains pour honorer, sur la montagne sainte d’Alesia, le dieu guérisseur Moritasgus.

Dans les villes antiques où les murs se sont conservés jusqu’à une certaine hauteur, la visite des maisons particulières est peut-être plus intéressante que celle des monuments publics ; car elles nous permettent de pénétrer, documents en mains, pour ainsi dire, dans l’existence journalière des anciens. La vue d’une salle à manger avec la trace de la table et des lits destinés aux convives, d’une chambre à coucher avec les tableaux peints sur le stuc des murailles nous rapproche beaucoup plus des hommes qui y vivaient que celle d’un temple ou d’une basilique ; il semble que nous entrons, de la sorte, dans leur intérieur et que nous allons pouvoir surprendre les secrets de leur famille. Cette curiosité émue, qu’éveillent en nous non seulement les élégantes maisons de Pompéi, mais aussi celles d’Ostie aux multiples étages, aux appartements groupés autour du même palier, celles de Timgad et des villes d’Afrique avec leurs fontaines dans l’atrium et leurs pavements de mosaïque dans les chambres, celles de Syrie avec leurs galeries à colonnade et leurs fenêtres grandes ouvertes sur l’extérieur, que l’on dirait abandonnées d’hier, fait défaut à Alise. Des maisons, il ne subsiste que la cave, les quelques marches de l’escalier qui permettait d’y descendre, et dans les murs, de petites niches pour recevoir les lampes d’éclairage ; rien ne peut en faire connaître le plan, les dispositions intérieures, le degré de simplicité ou de confortable.

Si nous voulons faire plus ample connaissance avec les