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LA POLITIQUE DES DEUX RITES

Entre l’Église catholique romaine et les chrétientés d’Orient qui se sont séparées d’elle au XIe siècle, les perspectives de réconciliation n’ont guère fourni jusqu’ici qu’un sujet d’intérêt, sinon exclusivement dogmatique, du moins réservé aux spéculations des esprits religieux. La Papauté, à maintes reprises, a donné des preuves publiques, solennelles même, de sa foi en un retour à l’unité dont elle est le centre. Une de ses dernières tentatives date de 1864 : mais le projet de Concile œcuménique, envisagé par Pie IX, ne put aboutir. Ni le Patriarchat de Constantinople, ni les Eglises autocéphales d’Asie-Mineure et des Balkans, moins encore le Saint-Synode et le clergé russes, n’ont jamais mis une bonne volonté sincère à répondre à ces avances. Ou plutôt, la « Sainte Orthodoxie » grecque ou slave, quand elle faisait une réponse, se bornait à déclarer qu’elle forme des vœux, elle aussi, en faveur de l’unité chrétienne, mais sous la réserve, inacceptable du point de Vue du Saint-Siège, que le principe de la primauté dogmatique et juridictionnelle de l’évêque de Rome soit écarté. Des deux côtés, toutefois, on paraissait tomber d’accord pour admettre que le sort de cette grande question dépend de l’issue de controverses théologiques, et c’est à peu près exclusivement sous ce jour que, jusqu’à la guerre, elle a sollicité l’attention.


Nous sommes peut-être à la veille de voir la question évoluer dans deux directions parallèles. D’une part, les événements, depuis quelques années, semblent bien avoir travaillé au profil des desseins du Saint-Siège, ou tout au moins de façon à lui