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qui les a persécutés et honnis ! Agir à leur égard de la sorte... c’est se faire tort, c’est se préparer de grands mécomptes, et, si le mot était plus noble, je dirais, de grands pieds de nez dans l’avenir... »

Il exhortait donc ses auditeurs scandalisés et rebelles à « extraire ce qu’il y a de bon dans le socialisme, pour... le faire rentrer dans l’ordre régulier de la société... »

Méditons ces sages paroles, nous autres critiques et lecteurs; appliquons-nous loyalement à trouver et à extraire ce qu’il y a de bon dans le symbolisme, et dans tous les mouvements qui l’ont suivi, jusqu’au cubisme, ou qui suivront le cubisme et qui le rangeront bien vite parmi les choses désuètes et rétrogrades ; ne nous préparons pas les pieds de nez de l’avenir. Il y a une fatuité un peu forte à vouloir arrêter à soi le développement du génie français et le renfermer dans nos bornes. Comme la France est plus grande que tous les partis, le génie français est plus large que toutes les esthétiques. Nous avons le droit de croire, et le droit d’espérer, qu’il naîtra en France, au XXe siècle et dans les siècles suivants, des chefs-d’œuvre dont nous n’avons pas l’idée, et qui bousculeraient toutes nos idées : chefs-d’œuvre pourtant où nos descendants, non moins intelligents que nous, sauront retrouver le visage de la France éternelle.

Ayons confiance.


GUSTAVE LANSON.