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Après avoir balayé le gouvernement de l’Emir, le général Gouraud ne pensa pas un instant à installer sur ses ruines l’administration directe : il s’appliqua immédiatement à susciter une organisation indigène dans ce pays qui ne lui offrait aucun gouvernement à utiliser. Selon les indications du milieu, en utilisant les débris des institutions provinciales du temps, turc, auxquelles la population était habituée, il constitua les États autonomes qui sont encore la base de l’organisation qui se développe dans les pays sous notre mandat et du statut organique provisoire dont les textes viennent d’être approuvés par le Gouvernement.

Ceux-ci ont été élaborés à la suite d’une enquête qui a duré pendant les six premiers mois de 1921. En janvier, le Gouvernement avait invité le Haut-commissaire à étudier activement, en recherchant autant que possible le sentiment populaire, l’organisation des États, qui auraient à être dotés, en tenant compte des possibilités locales, d’institutions représentatives. L’étude devait porter également sur l’organisation d’une confédération syrienne. L’enquête menée selon ces instructions n’a pas, à vrai dire, révélé une opinion publique consciente d’elle-même. Les masses sont encore complètement étrangères à l’idée de la vie publique. Les groupes peu nombreux des notables, qui sont encore seuls à constituer le « pays politique, » ont eux-mêmes manifesté, sauf de rares exceptions, un intérêt très relatif pour l’organisation générale du pays, mais ils se sont presque tous montrés favorables au développement de l’organisation des États que le général Gouraud avait créés en 1920.

Aussi le texte-type, élaboré pour déterminer la Constitution de ces États, développe-t-il les attributions des gouvernements locaux sur la base de l’arrêté qui fut promulgué le 21 septembre par le Haut-commissaire, pour régler l’organisation provisoire de l’Etat d’Alep, créé par un arrêté dès le 1er septembre. L’organisation du Grand-Liban, proclamée a la même époque, devait se faire sur la base du statut propre de ce pays ; celle du territoire autonome des Alaouites s’appliquait à un pays encore très fruste et dont la constitution ne pouvait donc être faite sur le modèle de celle des autres États. Quant à Damas, le régime institué dut d’abord être une liquidation du régime