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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 6.djvu/651

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expressément vis à vis de la Fédération syrienne dans laquelle il ne veut pas entrer. L’efficacité de cet accord, qui est apparue à la manière dont les Druses du Hauran ont accueilli, au cours de l’été dernier, nos soldats et nos conseillers, est une sérieuse raison pour nous de ne pas plus forcer la main aux Druses qu’aux Libanais et de les laisser libres de rester hors de la Fédération ou d’y entrer, comme une des clauses du texte portant organisation de la Fédération syrienne le permet et le prévoit.

Mais en attendant cette accession qui peut tarder beaucoup ou même ne jamais intervenir, il fallait trouver un moyen de faire participer les États non fédérés au règlement des affaires d’intérêt commun : lois qui doivent être communes pour assurer l’unité économique nécessaire et contre laquelle personne ne s’élève, tarifs douaniers, relations postales, régies, travaux ou institutions qui peuvent intéresser un des États non fédérés en même temps que la Fédération ou même un seul des États fédérés, — ce dernier cas est appelé en vertu des nécessités géographiques à se produire entre le Liban et l’État de Damas, ainsi qu’entre celui-ci et la montagne Druse.

La solution a été fournie par les objections mêmes que les Libanais ont opposées à toute idée de la Fédération de leur pays avec les États voisins. Au mois de janvier dernier, un arrêté avait été pris constituant un budget général de la Syrie et du Liban. Cette décision, si raisonnable qu’elle parût, souleva une très vive opposition dans la Commission administrative du Liban qui, bien que nommée par l’autorité française, en attendant la fin du recensement qui permettra des élections, manifeste, peut-être en vue de ces élections même, une indépendance de critique des plus marquées. La Commission administrative déclara que toute la réglementation commune qui pouvait être nécessaire pour assurer l’unité économique, et que les travaux et institutions publiques qui pourraient paraître d’intérêt commun, de même que les contributions qui pourraient être demandées pour ces travaux et institutions, devraient être décidés par des accords d’Etat à État, conclus sous la direction et l’arbitrage du Haut-Commissariat et dans lesquels le Liban ne ferait abandon de sa souveraineté que d’une manière strictement déterminée et limitée dans le temps.

L’application d’un tel régime pouvant être assurée d’une manière pratique, le Haut-Commissaire accepta la suggestion