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ne s’écarte donc des principes du mandat et ne justifie l’accusation d’être une administration directe.


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L’effectif même des fonctionnaires français employés par le Haut-Commissariat suffirait à montrer la légèreté de cette accusation. Que n’a-t-on pas dit sur les légions qu’ils composent ! La vérité est qu’ils sont en tout au nombre de 250 et encore faut-il compter parmi eux une proportion appréciable de subalternes appelés de France pour des raisons d’ordre technique. Dans des États comme le Liban, Alep, Damas qui ont de 700 000 à 900 000 habitants, dans les Alaouites qui n’en comptent que 400 000, mais ne présentent encore presque pas d’hommes pouvant être utilisés dans l’administration, on trouve moins de 30 agents français qui comprennent tous les conseillers administratifs et techniques de l’État. Le contrôle de la Puissance mandataire n’est pas, nous l’avons vu, assuré par des fonctionnaires à poste fixe plus bas dans la hiérarchie des circonscriptions que le Sandjak : ceux-ci présentent déjà une nombreuse population en Syrie, où l’on n’en trouve sans doute pas un seul qui ait moins de cent mille habitants. Est-ce là pléthore ou pénurie d’agents français quand il s’agit de faire sortir de l’ornière séculaire un pays sans aucune expérience du gouvernement ni de l’administration? Pour répondre, il suffit de comparer à l’effectif que nous venons de montrer celui des agents français pour un nombre égal d’habitants dans des pays qui ne sont sans doute pas sous le régime du mandat, mais où celui du protectorat s’attache à gouverner et à administrer par l’intermédiaire d’un organisme indigène.

Ajoutons que le régime élaboré par le général Gouraud et approuvé par le Gouvernement ne prévoit pas une augmentation de ce personnel de la tutelle française. Le cadre actuel peut être modifié dans sa composition et sa répartition, mais il n’est pas question de l’accroître d’une manière sensible. Sans doute de nouveaux fonctionnaires français peuvent être appelés en Syrie. Mais ce sera, pour ainsi dire, à titre indigène : ils entreront dans la hiérarchie des États et seront payés par eux. Il est même à prévoir que leur nombre sera modeste et qu’ils ne seront recrutés que pour une besogne technique à laquelle on ne trouverait provisoirement aucun indigène préparé : les