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somme. C’est sans doute un mal temporaire qui se guérira à la fois par l’amélioration des changes et le développement de la production d’un pays où, avant la guerre, on vivait à très bon compte.


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Mais, dira-t-on peut-être, si l’armée des fonctionnaires est, en effet, une légende, et si le budget propre du mandat est, en réalité, modeste, ne pourrait-on l’imputer aux finances des États qui en bénéficient ? Nous les avons créés, nous les protégeons, nous les guidons, ils pourraient supporter les frais de la tutelle nécessaire à organiser leur indépendance et à les faire sortir de leur minorité politique. S’il est impossible de leur faire payer les écoles privées qui répandent la connaissance et l’usage du français, et même peut-être les dépenses politiques, bien que ce soit leur sécurité, en même temps que celle du mandataire, que ces dépenses servent à assurer, on devrait du moins pouvoir mettre à leur charge le budget du personnel administratif et judiciaire de la tutelle avec ses accessoires.

La chose est, en effet, possible à la fois juridiquement et financièrement. Le projet de déclaration de mandats pour la Syrie, pour la Palestine et pour la Mésopotamie, actuellement soumis à la Société des Nations prévoit que les pays sous mandat pourront rembourser de ses frais la Puissance mandataire. Rien n’empêche celle-ci, si les finances du mineur le permettent, de lui faire liquider cette dépense à mesure qu’elle a lieu. On peut d’autre part prévoir que, dans très peu d’années, les budgets locaux de la Syrie seront en équilibre. Certains ont même affecté de s’étonner de ce que cet équilibre n’ait pas existé dès le début du contrôle français et que la France eut à faire des dépenses dans un pays qui rapportait au Gouvernement de Constantinople. Il est parfaitement vrai que ce gouvernement percevait environ 75 millions de francs d’impôts et taxations diverses en Syrie et ne dépensait que la moitié environ de cette somme dans le pays : mais nous n’y sommes pas allés pour maintenir dans l’ornière ottomane une population dont nous sommes devenus responsables et il est prodigieux que l’on puisse invoquer sérieusement un pareil précédent. Nous ne saurions demander aux États sous mandat de nous rembourser de nos dépenses de tutelle avant qu’ils aient pu faire face