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était toute fraîche, nous pouvons dire avec certitude que nous connaissons le mouvement dans lequel ces comédies étaient jouées d’original. Nous connaissons en outre les costumes des acteurs : l’inventaire dressé après décès énumère les diverses pièces de la garde-robe de Molière, et certains relevés de registre, certaines relations (celle de Mlle Desjardins par exemple) donnent en détail l’habillement de tel ou tel de ses camarades. Voilà l’ensemble de traditions que l’on décida de maintenir, sans apporter de bouleversement inutile dans la mise en scène et la présentation des pièces. On se borna à fixer avec une logique plus rigoureuse les places des acteurs sur le théâtre, les groupements des personnages, à régler avec plus de soin certaines sorties.

C’est M. Georges Berr, qui succédant à M. Jules Truffier, comme directeur des études classiques, a exécuté ce travail avec une patience et un soin qu’il faut louer.

Pour les autres œuvres, celles notamment où entre une part de fantaisie, nous étions beaucoup plus à l’aise. On pouvait ici tenter quelques-uns de ces essais qui plaisent si fort aujourd’hui. C’est ainsi qu’on demanda au peintre Drésa de dessiner, dans un goût moderne, le décor et les costumes de l’Etourdi; M. Bertin exécuta avec un parti pris de stylisation les décors de M. de Pourceaugnac et de l’Amour médecin; on fit un décor tournant pour le Sicilien, et un décor simplifié pour les Fourberies de Scapin, etc.


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Après avoir réglé ces questions d’interprétation, de décors et de costumes, il restait à régler la délicate question des divertissements.

Etait-il tout d’abord nécessaire de faire accompagner les comédies de Molière de tous les intermèdes dont certaines d’entre elles furent agrémentées dans leur nouveauté, soit à la Cour, soit au théâtre du Palais-Royal ? Une première remarque s’imposait sur les raisons qui avaient pu décider Molière à intercaler dans ses pièces ces jeux, danses et chants. Louis XIV prisait fort les ballets; un spectacle était incomplet à ses yeux qui ne comportait pas une partie chorégraphique; sa cassette était toujours ouverte pour payer les velours, les soies et les plumes dont s’ornaient ses « baladins : » les Amants magnifiques