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AVANT LA CONFÉRENCE DE WASHINGTON

I
UNE PHASE NOUVELLE DE LA LUTTE
POUR LE PACIFIQUE

Au moment où, en Europe, les difficultés inhérentes à la liquidation de la Grande Guerre se prolongent et s’enveniment, et retardent la consolidation d’un ordre continental, voici que, tout à coup, le 11 juillet dernier, une invitation du Président des États-Unis venait rappeler aux États épuisés par cinq ans de lutte que l’Europe n’est pas le globe, et que, sur d’autres points, de grands intérêts s’agitent et s’opposent. A l’heure où le Conseil suprême, dans sa tragique impuissance, travaille au raffermissement de la paix, voici que, brusquement, le spectre de la guerre se dresse sur ces lointains horizons qui sont, pour nous, l’Extrême-Orient et, pour les Américains, l’Extrême-Occident ; car parler de désarmement, n’est-ce pas déjà constater que la guerre est possible et qu’on en redoute l’explosion ?

La Conférence à laquelle le Président Harding convie la Grande-Bretagne, la Chine, la France, l’Italie et le Japon va se tenir le 11 novembre à Washington ; elle se propose de régler les questions délicates qui, sur les rives de l’Océan Pacifique, mettent en opposition les intérêts des États-Unis et ceux du Japon ; elle annonce aussi le dessein d’aboutir à une limitation générale des armements. Les deux questions sont distinctes, mais qui ne voit qu’elles sont connexes ? Il n’y aura limitation