Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 6.djvu/941

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autres. Néanmoins l’on s’acharne. Autour du calme, élégant hôtel La Fayette et du tranquille hôtel Franklin Square, où les Anglais ont leurs confortables quartiers généraux, c’est une véritable procession. Les Japonais n’attendent pas qu’on vienne les trouver. Ils sont dans le hall du sélect hôtel Shorcham, au Press Club, dans la rue. Et partout, ils sont heureux, enchantés, que l’Amérique ait pris l’initiative, heureux de faire savoir à tous et à chacun que le Japon accepte pleinement, résolument… le principe posé.

A trois heures, le bruit se répand dans tous les hôtels que le Japon va faire une importante communication. A cinq heures en effet, l’amiral Kato reçoit les journalistes. Il leur renouvelle solennellement l’assurance que le Japon est prêt à accepter, avant même de parler des questions du Pacifique, le principe du désarmement tel que l’a exposé M. Hughes.

Vers le soir pourtant, l’émotion parait se calmer. De toutes les conversations, des divers propos entendus au hasard de toutes les rencontres, l’impression générale qui se dégage paraît être la suivante : le discours de M. Hughes est unanimement admiré pour sa franchise et pour la précision de ses déclarations; son habileté politique et diplomatique est au-dessus de tout éloge.

Pour ce qui est de la politique extérieure et vis à vis du peuple américain, M. Hughes s’est posé comme celui qui le premier a fait un véritable effort pour obtenir le désarmement et faire régner la paix dans le monde. L’opinion publique américaine peut se désintéresser de la paix du monde : mais elle ne restera certainement pas indifférente au désarmement qui signifie pour elle un abandon du programme naval, c’est-à-dire une réduction des impôts qui sont ici écrasants.

Au point de vue de la politique de groupes, M. Hughes, en reprenant, pour l’étendre, le plan de congé naval antérieurement proposé par M. Borah, met le leader des Irréconciliables dans l’alternative ou de se renier, de se discréditer lui-même devant son parti, ou de joindre son action à celle du Gouvernement dans les travaux de la Conférence.

Vis à vis des autres peuples, M. Hughes a donné aux Etats-Unis l’avantage d’avoir fait le premier pas en vue d’établir une paix durable, et il a mis tous les autres Gouvernements, devant leurs nationaux, dans la délicate situation de suivre les