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quitté le service depuis quinze ans, et dont les plus jeunes auraient trente-trois ans, ou à l’aide de jeunes contingents non instruits. Ce sont là, on en conviendra, de mauvaises conditions pour constituer une armée de premier choc.

Cet affaiblissement ira ensuite en s’accentuant chaque année, si bien que, dans trente ans environ, lorsque les hommes ayant fait la guerre auront tous dépassé l’âge de porter les armes, l’Allemagne ne disposera plus, comme réserves instruites, que des hommes libérés de la Reichswehr après y avoir fait douze ans de service, c’est-à-dire de réserves négligeables, si on les compare aux nôtres.

Telle est bien la situation qui naît du Traité ; mais il doit rester entendu que cette situation n’existera réellement que si le Traité est exécuté jusqu’au bout, c’est-à-dire si l’Allemagne l’observe loyalement, ou si nous savons l’y contraindre.

De ce qui précède il résulte que, dès aujourd’hui, nous pouvons adopter un état militaire réduit par rapport à celui de 1914, en ce sens que cet état militaire n’exigera plus nécessairement l’utilisation en masse, dès le début des hostilités, de toutes les ressources du pays, et que, ultérieurement, nous pourrons réduire d’autant plus nos charges militaires que nous serons plus certains que l’Allemagne se conformera à toutes les stipulations du Traité.

Et le meilleur moyen d’avoir cette certitude, c’est d’avoir toujours en mains un instrument capable d’imposer, s’il en était besoin, l’exécution intégrale du Traité de Versailles.

De là découle cette conséquence que, si notre armée de guerre de demain doit être capable d’englober et d’utiliser la totalité des ressources du pays, nous devons réaliser un système de mobilisation progressive, qui nous permette de ne faire appel qu’aux ressources reconnues nécessaires, et qui, en outre, nous donne, dans les plus brefs délais, les moyens de forcer l’Allemagne à respecter ses engagements.

Cette dernière précaution, si elle est suffisamment sérieuse, pourrait nous éviter, sans doute, d’avoir recours à la mobilisation générale.

Ainsi, service obligatoire, préparation d’une mobilisation générale, à ne réaliser que progressivement et réglée de telle sorte