Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 61.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Une demi-heure plus tard, Archer, rentrant chez lui, trouva sur la table du vestibule une autre enveloppe jaune. C’était aussi une dépêche de May Welland.

« Parents consentent mariage mardi de Pâques à midi. Grace church, huit demoiselles d’honneur. Veuillez voir pasteur. Si heureuse ! Tendrement

May. »

Archer chiffonna dans le creux de sa main la feuille de papier jaune, comme si, par ce geste, il eût pu annihiler les nouvelles qu’elle annonçait. Puis il tira un petit agenda de sa poche, en tourna les pages avec des doigts tremblants. Il ne trouva pas ce qu’il cherchait, et serrant le télégramme dans sa poche, il monta l’escalier.

Une lumière brillait sous la porte de la petite chambre qui servait à Janey de cabinet de toilette et de boudoir. Newland frappa impatiemment à la porte, et Janey parut dans sa robe de chambre de flanelle violette, ses cheveux roulés sur des épingles à friser. Son visage était pâle et inquiet.

— Newland ! J’espère que ce télégramme ne contient pas de mauvaises nouvelles ? J’ai attendu exprès.

Sans répondre, il interrogea :

— Dis-moi ! Pâques tombe à quelle date cette année ?

Elle parut choquée d’une si païenne ignorance.

— Pâques ? Mais, la première semaine d’avril ! Pourquoi me demandes-tu cela, Newland ?

Il tourna encore quelques pages de son agenda, faisant un calcul rapide à voix basse.

— Tu dis : la première semaine ?

— Newland ! Qu’est-ce que tu as ?

— Je n’ai rien… sinon que je me marie dans six semaines.

Janey se jeta sur lui et le pressant contre elle :

— Oh ! Newland ! Quelle bonne nouvelle ! Je suis si heureuse ! Mais, mon chéri, pourquoi ris-tu comme ça ? Tais-toi. Tu vas réveiller maman.


XIX


La journée de printemps était fraîche et le vent soufflait, chargé d’une poussière pénétrante.

Les vieilles dames des deux familles avaient exhumé leurs