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C’est grâce au développement de ces moyens d’action que nos armées ont pu passer de la défensive à l’offensive, et vaincre pour finir.

Et nous n’avions pas achevé en 1918 de doter nos troupes de tous les engins qu’elles réclamaient. Aussi était-il prévu, pour 1919, une nouvelle augmentation des moyens mécaniques, et depuis lors les vœux unanimes des combattants tendent à accentuer, toujours dans le même sens, la transformation de l’armée.

Naturellement, la répartition des hommes s’était modifiée en raison de l’outillage mis à leur disposition. Les armes qui s’étaient développées, celles qui avaient pris naissance : artillerie, aviation, artillerie d’assaut avaient exigé des effectifs de plus en plus importants, qu’on avait dû prélever sur les autres armes : l’infanterie, la cavalerie. D’où une nouvelle répartition des effectifs entre les différentes armes.

En outre, à l’intérieur de chaque arme, la répartition, l’emploi des hommes étaient profondément modifiés, du fait de la variété introduite dans leur armement. C’est ainsi que l’infanterie, en dehors de ses fusiliers, avait ses mitrailleurs, ses fusiliers-mitrailleurs, ses grenadiers, ses artilleurs de tranchée, d’accompagnement. Si bien que les hommes armés du fusil qui, en 1914, représentaient près de la moitié de l’effectif total mobilisé, ne formaient plus, en 1918, que le dixième de cet effectif. De même, dans la cavalerie, le nombre des sabres était réduit des deux tiers.

Mais si la création et le développement des matériels de guerre avaient pour effet de modifier ainsi la proportion des divers combattants, ils entraînaient d’autres exigences. Ces matériels de plus en plus nombreux, de plus en plus variés, il fallait les fabriquer, les réparer. Il fallait aussi donner au ravitaillement en munitions un développement correspondant au nombre et à la consommation des matériels, car les armées constituées à base de machines ne peuvent combattre si ces machines ne sont pas alimentées. D’où un nombre d’hommes de plus en plus considérable affecté au service des usines[1], au

  1. De 50 000 en 1914, le nombre d’hommes employés aux fabrications était passé à 1 700 000 en 1918.