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mais, ayant été intercepté par le poste télégraphique, il leur avait été communiqué.

Il était déjà tard et, pour arriver au Pirée en temps utile, il fallait partir sans perdre une minute ; l’attaché naval partit donc sur-le-champ avec ses officiers. Dans une note qui est sous nos yeux, il décrit en termes émus le spectacle dont il fut le témoin à l’enterrement : cercueils non fermés, d’autres trop petits pour recevoir les corps dont les membres restaient à découvert. On comprend que l’aumônier, l’abbé Revel, ait reconnu plus tard que les obsèques avaient manqué de recueillement. Il estime, il est vrai, qu’étant données les circonstances, « il n’était pas facile de procéder autrement. » Quant à l’attaché, naval, il constate qu’elles ont eu lieu sans aucun apparat et, sans même, qu’on ait rendu à ces malheureuses victimes les honneurs militaires.

A la même heure, l’amiral recevait à son bord les ministres alliés venus pour l’entretenir des graves questions soulevées par les événements. Leur présence l’empêcha d’assister aux obsèques dont il ne songea pas à leur parler et où, par conséquent, ils ne purent se rendre, ignorant qu’elles avaient lieu au même moment, alors qu’ils les croyaient toujours fixées au lendemain.

Nous l’avons dit, personne n’avait été averti des changements survenus dans les décisions antérieures, et l’archevêque pas plus que les autres intéressés. Le 4 décembre, à l’heure fixée, il était au cimetière d’Athènes, revêtu de ses habits sacerdotaux, entouré de ses prêtres. C’est là que M. de Roquefeuil le trouva attendant le convoi. L’attaché naval, saisi tout à coup du soupçon qu’on avait laissé le vénérable prélat dans l’Ignorance, était accouru pour l’avertir et l’empêcher d’attendre en vain. Mgr Petit, en apprenant l’oubli dont il avait été l’objet, ne put contenir son indignation. Il l’exprima avec vivacité. Il avoua ensuite qu’elle avait été intentionnelle. Il avait tenu à l’exprimer devant son clergé dont tous les membres étaient grecs. L’attaché naval le ramena à l’archestie, et l’incident n’eut pas de suite. Il n’en trahit pas moins le désarroi qui régnait dans l’armée navale à la suite de la tragique journée du 1er décembre. Il s’était manifesté non moins vivement dans ce qui s’était passé pour les blessés. Mais ceci est un autre épisode et nous ne voulons retenir ici de ces péripéties que l’héroïque dévouement dont firent preuve, en