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Et puisque de Décembre âpre et sombre, à son tour,
Juin a pu rayonner enfin, brusque harmonie
De souffles, de parfums, de chaleur et d’amour,

Il sent, il sent qu’après mainte nuit d’insomnie,
Il pourra du labeur, hiver morose, un jour,
Faire éclore l’été merveilleux du génie !


DIMANCHE


O douceur de l’après-midi de ce dimanche
Où tout est simple et pacifique et tendre et bon !
Loin, une cloche épand un son, un son, un son
Dans un ciel fait de clarté blanche.

Il flotte sur le vent plus tiède un goût de miel :
Les ormes sont en fleur dans la forêt voisine.
Au-dessus du toit pend en grappes la glycine
Qui se balance bleu sur bleu contre le ciel.

On a senti ce vent affluer dans l’enfance
Sur les Fête-Dieu aux draps blancs ;
L’écho des bruits de la semaine est en vacance :
C’est fin de Mai sur les jardins et sur les champs.

Il suffit que pendant une heure rien ne souffle :
Le mal est oublié ; le monde a presque un sens.
Là-bas dans l’herbe jouent beaux, heureux, innocents,
Les enfants adorés qui nous poussent au gouffre.


O ROSSIGNOL…


O rossignol de Provence
Qui chantes devant la mer,
Ce soir où l’on sent dans l’air
Tout le printemps qui s’avance,

Poète qui dans la nuit
Vas l’enivrer de toi-même
Sans fin, jusqu’à l’heure extrême
Où sous l’eau la lune fuit,