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Il me répond, en accentuant les mots :

— Aussitôt la mobilisation terminée, j’ordonnerai la marche en avant. Mes troupes sont pleines d’ardeur. L’attaque sera menée avec toute la vigueur possible. Vous savez d’ailleurs que le Grand-Duc Nicolas a un allant extraordinaire.

L’Empereur m’interroge ensuite sur des questions de technique militaire, sur les effectifs de l’armée allemande, sur les plans concertés des états-majors français et russe, sur le concours de l’armée et de la flotte anglaises, sur l’attitude éventuelle de la Turquie et de l’Italie, etc. toutes questions dont il me semble exactement instruit.

L’audience dure depuis une heure. Soudain, l’Empereur se tait. Il paraît embarrassé et me regarde gravement, avec une attitude un peu gauche, avec un geste hésitant des mains. Tout d’un coup, il me saisit dans ses bras :

— Monsieur l’Ambassadeur, permettez-moi d’embrasser en vous ma chère et glorieuse France !


MAURICE PALÉOLOGUE.