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prêtres campagnards ? C’est un de nos meilleurs administrateurs sur le Rhin qui disait, un jour, à Coblence, que « pour connaître l’esprit public d’un pays, il ne faut pas se préoccuper essentiellement des propos qu’on y recueille. Seuls les faits importent, ils sont le langage des peuples. » Les menus faits innombrables que j’apporte sont le langage d’un petit monde d’autrefois, de vieilles villes aujourd’hui submergées par le monde germanique d’outre-Rhin. Je crois que nous tirerons de ces documents des lumières dans bien des directions. Un caractère vrai de ces Rhénans, c’est là, dans leurs plus saintes occupations d’hommes et de femmes, que nous pouvons le mieux le distinguer.

Le Rhénan catholique est préoccupé d’accomplir de la bonne besogne, en servant Dieu et pour servir Dieu. Il a des aptitudes, de dévouement, une application voulue de la vie religieuse à la vie pratique. C’est le résultat de ses malheurs, de son histoire agitée, de ses expériences multiples. Enfin, quelle qu’en soit l’origine, c’est sa nature : il a des disponibilités de dévouement. Or, tout cela fut mis en forme par la France.

Je vous le dis avec cette force et cette netteté, parce que c’est l’argument de ma leçon, mais je ne vous demande pas de me croire sur parole, et je vais vous soumettre les preuves qui m’ont moi-même convaincu. Nous verrons tous ces Rhénans qu’enthousiasment l’arrivée des sœurs françaises de Saint-Charles ou bien les initiatives des Lezay-Marnesia et des Jean Bon Saint-André, dans leurs petites préfectures ; nous verrons nos fonctionnaires rassemblant ces bourgeois et leur enseignant la pratique de la bienfaisance. Nous montrerons le rôle conducteur que nous avons tenu, et l’inquiétude de ces Rhénans qui, après le départ des préfets napoléoniens, multiplient leurs démarches en France pour y chercher des méthodes et des guides.

La charité a été organisée sur le Rhin par le gouvernement impérial français, avec des collaborations indigènes et avec le concours des ordres religieux français. C’est un beau chapitre, en apparence austère et même maussade, mais qui contient une poésie profonde. Si je ne suis pas sûr de la dégager, je suis sûr d’en tirer un enseignement utile. Le Rhin est un grand pays catholique. En prouvant que son catholicisme s’est enrichi et humanisé, chaque fois qu’il demandait des directions à la France, j’aurai orienté là-bas des esprits graves et sérieux à