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voulu comme à Trêves des sœurs nancéiennes de Saint-Charles ; faute d’en pouvoir trouver, il fallut assurer le service par un personnel à gages.

À Aix-la-Chapelle, dès son entrée en fonctions, le préfet du département de la Roër, M. Mechin, organisa un bureau de bienfaisance, dont tirent partie les personnalités les plus marquantes de la ville, Schervier, Reumont, etc. Un Rhénan, le conseiller de préfecture Jacobi, en fut l’âme. En 1803, le bureau de bienfaisance obtint de Napoléon le couvent des Carmélites pour y créer un hôpital et une maison de retraite à l’usage des pauvres. L’impératrice Joséphine dota l’institution et permit qu’elle portât son nom. L’Institution Joséphine eut bientôt huit cents pensionnaires et un budget de quatre-vingt-dix mille, francs. Mais là encore, avec un grand regret, on dut se passer des sœurs de Saint-Charles.

À la ville de Sarrelouis (qui faisait alors partie du département de la Moselle), par un décret du 14 juillet 1812, daté de Vilna, Napoléon donna les bâtiments de l’ancien hôpital militaire, à charge d’y fonder un hôpital civil. Le décret impérial précise que le soin des malades doit y être assuré par les sœurs de charité de Nancy. Plus heureuse que Coblence et qu’Aix-la-Chapelle, Sarrelouis obtint de Nancy cinq sœurs de Saint-Charles, qui soignèrent les malades, en même temps qu’elles dirigeaient l’école et assistaient les pauvres à domicile.

Voilà l’œuvre de nos administrateurs, fils du XVIIIe siècle. Et qu’est-ce donc que ces religieuses de l’ordre de Saint-Charles, si désirées de ces villes rhénanes, où elles apportent le talent d’organisation et l’expérience indispensables pour des œuvres aussi importantes de charité ?

On les connaît bien chez nous depuis le XVIIe siècle. Leur ordre a été fondé à Nancy en 1652, sous le patronage des ducs de Lorraine et sur le modèle donné à Paris par Vincent de Paul. Leur nom leur vient de l’hôpital Saint-Charles Borromée de Nancy. Elles se consacrent aux soins des malades et des aliénés, à l’instruction des orphelins et des enfants pauvres, à l’assistance des indigents. J’ajoute qu’elles nous ont couverts de gloire durant la dernière guerre, car sœur Julie, de Gerbéviller, et sœur Louise, de Nancy, appartiennent à cette congrégation et disent qu’elles n’ont rien fait que ce qu’ont fait toujours, à toutes les époques, les autres sœurs de leur