Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 61.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Claude Chaptal, et du préfet Keppler (un Alsacien), la « Société des recherches utiles du département de la Sarre » rassemblait, dès l’époque impériale, la magnifique collection qui forme aujourd’hui le fond du musée provincial de Trêves[1].

Même après la chute de l’Empire, les archéologues français restèrent en relations avec les chercheurs du Rhin et s’intéressèrent à leurs travaux, à leurs fouilles. Sulpice Boisserée trouva à Paris un appui très cordial pour la réalisation de ses projets. En juin 1846, les savants français, descendus à Trêves après un congrès qu’ils venaient de tenir à Metz, trouvèrent le meilleur accueil près de leurs confrères rhénans. Et l’un de ceux-ci, le Coblençais Auguste Reichenperger, fonctionnaire prussien à Trêves, notait dans ses carnets combien furent radieux ces quelques jours et quel souvenir enchanteur il garde des courts instants passés avec M. de Caumont, le fondateur de la Société archéologique française. « Il est étrange, écrit-il, que l’Association des architectes allemands s’abstienne de faite quoi que ce soit, dans ses écrits ou dans ses actes, pour la conservation des splendeurs monumentales du Rhin et de la Moselle, et que ce soit du pays français que nous vienne une troupe d’amis enthousiastes de l’art. »

Ainsi raisonnent les archéologues du Rhin, et qu’ils soient du Rhin ou d’outre-Rhin, il faut bien que les érudits constatent que le folk-lore, lui aussi, reçut un appui de la France impériale. Le professeur allemand Otto Boeckel, spécialiste des questions de poésie populaire, note que Napoléon est le premier qui ait voulu en France faire établir et publier un recueil de poésies populaires. Et c’est un fait qu’en 1804, l’Académie celtique qui venait de se fonder à Paris, sur l’initiative de Dulaure, dressa un questionnaire dont la diffusion fut très grande sur le Rhin. Il établissait une méthode pour recueillir d’urgence les patois, les contes, les superstitions, tout ce dont la chute de l’ancienne société hâtait la fin et sonnait le glas. Grimm reçut outre-Rhin ce précieux document et s’en trouva singulièrement incité à l’action.

  1. Dès 1808, la Société adresse une circulaire à tous ses correspondants pour qu’ils l’aident à recueillir les souvenirs dispersés de l’histoire de Trêves, et tout le long du dix-neuvième siècle, elle poursuivra son œuvre de fouilles, de recherches et de protection. Dans le premier moment, son membre le plus actif fut Wyttenbach, professeur au lycée impérial et bibliothécaire de la ville.