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s’en révolte (mais comme elle raille drôlement cette révolte lorsqu’elle lui écrit : « Je n’ai jamais vu qu’il fût offensant d’être Suisse, pourvu que l’on ne soit pas horloger !… ») Autre grief : George a pu affirmer en parlant de la Revue : « Je fis pour ce recueil Metella, et je ne sais plus quoi d’autre.. » F. Buloz devait ressentir vivement cette désinvolture. George, collaborateur assidu de la Revue pendant dix années, semblait alors renier la Revue. Impossible de laisser passer ces lignes sans les relever. Le directeur en chargea Mazade, — ou plutôt, il profita de l’article de Mazade (que George appela plus tard le Monsieur annoté par vous) pour insérer une longue note soulignant les allusions blessantes et inexactes dont la lecture l’avait choqué :

« Mme Sand a été le collaborateur assidu de la Revue des Deux Mondes pendant neuf ou dix ans, à partir de ses débuts ; qu’elle veuille bien se remettre en mémoire ses belles années, se rappeler tout ce que nous n’avons pas oublié, et sans doute elle avouera que le milieu où elle était, que les conseils des amis sûrs et éclairés qui l’entouraient, ne lui ont pas fait défaut, ne lui ont pas été inutiles, si de son côté elle a jeté quelque éclat sur ce recueil… elle a publié là ses œuvres les plus célèbres peut-être, puisqu’on y voit : André, Mauprat, Leone Leoni, les Lettres d’un voyageur, etc. Eh bien ! elle oublie tout pour dire dans ses mémoires : « Je fis pour ce recueil, la Marquise, Lavina, je ne sais quoi encore. » Or, jamais la Marquise et Lavina n’ont paru dans la Revue des Deux Mondes… » Voilà le point sensible : Lelia est oublieuse ! Déjà Ch. de Mazade, sous l’inspiration de F. Buloz, l’a indiqué : « Mme Sand… ne se souvient pas : elle a, au plus haut degré, le don merveilleux de l’oubli… »

La paix signée, George reproche à F. Buloz cet article : « Je vous ai trouvé mauvais envers moi… » et elle estime que ses propres attaques contre le directeur de la Revue étaient de peu d’importance. « La vengeance n’était pas longue, ni amère ; elle venait après des choses qui eussent dû vous sembler ce qu’elles étaient : sincères et généreuses. Vous n’en avez senti que le bout de moquerie, c’est tant pis pour vous, si vous ne comprenez pas ce que vaut le reste. » Enfin, le reproche de manque de sincérité adressé à tout l’ouvrage de l’Histoire de ma vie est injuste, dit-elle encore… « Permettez-moi de souhaiter aux hommes de mon temps autant de mansuétude et de