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d’oubli pour les travers et les faiblesses que j’ai vus[1]… »

« La famille de Musset crie contre moi, constate F. Buloz quelques semaines plus tard[2], et m’accuse (voyez le rôle honorable pour vous et pour moi) de vous avoir provoquée à faire Elle et Lui pour me venger de celui que j’ai tant aimé ! » Et il s’indigne. À la vérité, Paul le menaçait : il publierait à son tour des lettres de son frère à Tattet contre George. « Nous n’avons qu’à nous bien tenir, » s’écrie F. Buloz, qui ne semble pas prendre Paul, ni les menaces de Paul, au sérieux. George, de son côté, ne s’en occupait guère :

« Je m’inquiète fort peu de ce que vous m’annoncez. On y regardera à deux fois avant de me pousser à bout.

« Quant à vous, si vous avez besoin que je vous justifie, je suis prête à le faire, puisque c’est vrai. Vous pouvez et devez aussi affirmer que, dans le roman, il n’y a pas une ligne reproduite ou seulement imitée. Ce ne sont pas des lettrés bien forts je présume, qui s’y trompent. Pourquoi aurais-je eu recours à des citations, en supposant que j’eusse été à même d’en faire ? La vérité n’est pas exclusivement dans des mots.

« Tenez-moi au courant de cette grande menace…. mais on ne prouve pas ce qui n’est pas[3]. »

Cependant, Paul de Musset a terminé Lui et Elle ; F. Buloz l’annonce à George Sand : « Ce qui vous paraîtra singulier, c’est que Paul de Musset m’a envoyé la première partie de son roman par M. le marquis de la Vilette ; cela s’appelle Lui et Elle, et on vous fait fracturer un secrétaire dès le premier chapitre pour ravoir votre correspondance avec M. Jean Cazeau, dont vous prenez la moitié du nom, pour vous appeler William Caze, et cela, après avoir fait partir pour l’Italie M. Jean Cazeau. Après cette séparation commence la liaison avec Édouard de Falconet, et cette première partie finit par le départ des deux amants pour l’Italie.

« C’est hier qu’on m’a remis cette belle histoire. »

François Buloz juge que ce n’est qu’une parodie du roman d’Elle et Lui, une œuvre de grossière vengeance ; il a rendu d’ailleurs le manuscrit à M. de la Vilette… et prévenu le frère du poète « qu’il allait faire une faute grave s’il allait plus

  1. 4 mars 1859, inédite.
  2. 23 mars 1859.
  3. 24 mars 1859, inédite.