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loin ; mais on la fera, car il y a des provocateurs inconnus, une femme surtout ; ceci n’est qu’une vengeance de petits esprits ; ce que j’ai lu me paraît méprisable ; il n’y a pas jusqu’à ce pauvre. Planche qui n’y ait son rôle sous le nom de Diogène, et moi-même, j’y ai ma part… Cela pourrait faire du scandale, mais je ne crois pas que vous deviez vous en préoccuper, du moins si j’en juge par ce que j’ai lu[1]. »

« J’avais toujours dit, écrit encore F. Buloz à son amie la semaine suivante, qu’Alfred, malgré tout, valait mieux que son frère, parce qu’il était poète et qu’il se serait refusé à certaines choses. Paul me donne trop raison[2]. Quoi qu’il en soit, et puisqu’on annonce des lettres de vous dans ce pamphlet, vous avez le droit d’empêcher la publication de ces lettres ; c’est une chose jugée. Lorsque le marquis de la Vilette m’a apporté la première partie de ce roman-pamphlet de la part de M. P. de Musset, il m’a très longuement développé les griefs de celui-ci à propos de la destruction des lettres de son frère à vous adressées, et des vôtres à Alfred remises entre les mains de M. Papet, et qui auraient été brûlées récemment. Puis M. de la Vilette a ajouté que Paul avait une copie de sept lettres de vous à son frère. Est-ce celles-là qu’on voudrait publier ? Je ne sais. Mais le procédé sera blâmé par tous les honnêtes gens, et vous, vous pouvez vous y opposer ; seulement, je ne saurais donner un avis en matière aussi délicate[3]. »

Cependant, George, sujet de bruit et de scandale, ne se préoccupe de rien. Elle est, pendant ce temps, à Nohant, dans un sommeil perpétuel ; c’est le résultat d’une grippe singulière : « Il y a dix ans, écrit-elle à F. Buloz, que je n’ai tant dormi !… » L’agitation n’est pas son fait, et que lui importe le livre de Paul ? « Je n’ai pas encore lu Lui et Elle, je n’ai pas eu le temps, car j’ai eu tous les jours des conférences avec des paysans et des fermiers, gens qui ne s’expliquent pas vite. » D’ailleurs, ses amis lui ont conseillé de ne pas s’occuper de « cette plate méchanceté-là. » Si Paul de Musset a voulu troubler la paisible George, il n’a pas réussi.

Lui et Elle non plus n’a pas réussi, au dire de F. Buloz :

  1. Collection S. de Lovenjoul. 1er avril 1859, F. 11, inédite.
  2. Paul disait, ainsi que son éditeur, qu’ils arracheraient le masque de l’auteur d’Elle et Lui.
  3. Collection S. de Lovenjoul, 7 avril 1859, F. 22, inédite.