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C’est bien la même femme qui, revenant de voyage, et apercevant chez Mme F. Buloz le portrait de Jules Sandeau, ne le reconnaît point, et demande : « Qui est-ce ? » — Mme F. Buloz, plus gênée que George, rougit, hésite, dit enfin : « Mais… c’est Sandeau, » craignant de mettre George dans l’embarras par cette réponse. — « Comme il est vieux ! » dit George en haussant les épaules, et elle parle d’autre chose.

Précisément et puisque le nom de Sandeau a été prononcé ici, il faut noter qu’à côté de la question Musset-Sand, il y a aussi la question Sandeau. Car enfin, dans Lui et Elle, le pauvre Cazeau expédié allègrement en Italie par William Caze, c’est Jules Sandeau, et P. de Musset remettait ainsi en scène, pour servir sa rancune personnelle, de vieilles histoires qui ne concernaient pas uniquement son frère… D’autres pouvaient s’en blesser, — d’autres s’en blesseront, et parmi eux, Mme Jules Sandeau.

Sa lettre à Paul de Musset est fort digne, et douloureuse :

« Je vous avoue qu’en trouvant dans votre première publication un épisode de l’histoire de mon mari avec Mme Sand, qui vous avait été raconté par nous un soir au coin du feu, dans la plus intime causerie, mon étonnement a été profondément triste. Vous parlez de Jules d’une façon fort bienveillante, mais si vous m’aviez consultée, vous n’en auriez pas dit un mot. Cazeau n’était pas en cause, ceci ne le regardait en rien ; s’il est attaqué, il pourra, Dieu merci, se justifier lui-même ; que Mme Sand l’en préserve, car il est rude, quand on a une femme et un fils de quinze ans, d’en venir à pareille extrémité, et de livrer sa vie en pâture au public. Jugez-en par vous-même, monsieur, par l’état dans lequel se trouve Mme votre mère, et voyez ce que serait pour une femme et un fils un pareil débat. Mon cœur a été un peu froissé ; plusieurs fois on a publié dans les journaux des allusions à cette vieille histoire, mais ceux-là, je ne les comptais pas dans mes amis…[1] »

Quant à Mme de Musset, — qui, elle, ne fut pas consultée par Paul, — ce roman l’effraya…

« J’en reviens à mes inquiétudes, écrivit-elle alors à son fils. Je crois que tu te fais une foule d’ennemis irréconciliables. Tous ces personnages existent encore sous leurs sobriquets : ils ne

  1. Inédite.