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fleurs du Puy-de-Dôme et du Sancy. Suaves parfums des choses de Dieu, qui pourrait vous préférer le souvenir des fanges de la civilisation ?[1] »

C’est ainsi que George répondit à Paul de Musset, quand elle se décida à sortir de son sommeil léthargique, et de sa première indifférence. La riposte est violente, F. Buloz l’approuva cependant. Il n’y changea qu’un mot ; parlant du pamphlet de Paul, George avait d’abord écrit : « Sans vouloir en appeler à la justice des tribunaux, » et F. Buloz substitua à ces mots : « la justice des hommes. » À son sens, le mot « tribunaux » manquait de fierté[2]. »

Voici ce que le directeur de la Revue écrivit à George à propos de cette préface :


Paris, 25 octobre 1859.

« Mon cher George, Votre préface si haute, et si éloquente, et quelques mots de Manin, qui répondent parfaitement à tout ce que je vois et observe depuis quelques années, me donnent l’idée de vous proposer une tentative.

« Manin disait, je l’ai appris récemment : « En France, je n’ai trouvé de jeunesse que chez les vieillards ! » Le mot est trop vrai, malheureusement, et je pouvais dire avec la même justesse il y a plus d’un an, en parlant du fils d’un ancien ministre : « Si je considère l’attitude du père et celle du fils, malgré ses vingt-cinq ans, ce n’est pas le fils qui est le jeune homme, c’est le père. La jeunesse, en effet, si je ne suis pas un vieux radoteur, n’a ni généreuse ardeur, ni haute pensée, ni grande flamme, généralement parlant ; aussi, en voyant tout ce qui me passe sous les yeux, et vous conviendrez que je suis assez bien placé pour observer, il m’arrive souvent de dire avec tristesse, en parlant des hommes de notre génération : « C’est donc encore nous qui sommes les jeunes ! »

« Comparez les jeunes gens que nous voyons dans les lettres et ailleurs, à la jeunesse de la Restauration, et de 1830 ! Il y avait alors de nobles aspirations, une vive indignation contre tout ce qui était oppressif pour l’esprit humain, et pour les peuples. Aujourd’hui, rien ne vient, à vrai dire, du côté soi-disant vivace de la génération qui arrive et qui monte ; s’il y a par là

  1. Préface de Jean de la Roche, Revue des Deux Mondes, 15 octobre 1859.
  2. Collection S, de Lovenjoul, 10 octobre 1859, inédite.