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de Carthage vaut surtout pour la Méditerranée. La guerre et la paix ont offert à son activité diplomatique et militaire des occasions nouvelles qui l’ont en quelque sorte précipitée, parfois un peu malgré elle, par l’initiative de quelques personnalités imbues de la tradition impériale, dans les voies anciennes de l’expansion et de la conquête. Il semble au premier abord qu’elle y ait recueilli des avantages de premier ordre.

Par Gibraltar, l’Angleterre tient toujours la porte du grand bassin intérieur. Pendant la guerre, l’Espagne s’est parfois bercée de l’espérance qu’un geste du gouvernement de Londres achèverait son unité territoriale en lui remettant un rocher sans utilité pour le commerce et dont la valeur militaire est contestée. La France, de son côté, estimait qu’elle s’était acquis des droits à voir tomber l’opposition que la politique anglaise, directement et indirectement, apporte à une solution équitable de la question de Tanger. Mais la guerre, est finie ; Gibraltar reste un socle gigantesque qui élève à l’entrée de la Méditerranée un drapeau symbolique pour attester à tout venant qu’il pénètre en domaine britannique. Tanger est appelé de plus en plus à devenir un grand port international ; la France demande seulement que son influence politique y soit proportionnée à l’importance de ses intérêts.

Dans le bassin occidental de la Méditerranée, les côtes sont françaises, espagnoles, italiennes ; l’empire britannique se contente de garder Malte. La question de l’Adriatique ne l’intéresse que secondairement. Il ne lui déplaît pas que, dans cette mer, une nouvelle Puissance méditerranéenne, la Yougo-Slavie, fasse contrepoids à l’Italie ; car personne, sur le globe, n’a le droit de prononcer le mare nostrum des anciens Romains.

C’est surtout dans le bassin oriental de la Méditerranée que l’Angleterre, pendant et après la guerre, a exercé une activité dont elle a recueilli les fruits.

Deux routes maritimes d’une importance mondiale conduisent de la Méditerranée orientale, l’une dans la Mer Rouge et l’Océan Indien : c’est le canal de Suez ; l’autre dans la Mer noire : ce sont les détroits de Constantinople. L’Angleterre s’est avisée que le principal bénéfice de sa victoire devait être de mettre sous son contrôle ces deux routes qu’elle considère, l’une et l’autre, comme la route des Indes.

Actuellement, sauf la côte brûlée du Hedjaz dont les traités