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Sur cette division pèse la lourde inquiétude d’Ourfa, assiégé à 200 kilomètres de Killis, et qu’il faut dégager à tout prix. Une première colonne, opérant le long de la voie ferrée, avait, au début de mars, dégagé Biredjik et ravitaillé tous nos postes du Bagdad jusqu’à Tel Abiad. La faiblesse de ses effectifs, 2 bataillons seulement arrivant de Marache et qui constituaient toutes les disponibilités du général de Lamothe, l’avait empêchée de pousser jusqu’à Ourfa.

À la fin de mars, les forces mobiles du général de Lamothe culbutent les Kémalistes et encerclent Aïntab, ravitaillent la ville, s’y renforcent d’artillerie et, grossies de quelques renforts, reprennent l’opération sur Ourfa.

À peine cette colonne est-elle partie, qu’une révolte éclate à Aïntab (2 avril). La colonne revient à marches forcées de Djerablous, soumet la ville après de violents combats (18 avril), reprend sa marche sur Ourfa (26 avril), mais apprend en route la chute de ce poste, dont la garnison avait été attirée par les Turcs dans un honteux guet-apens. La colonne se porte alors sur Serroudj pour rétablir le prestige de nos armes et châtier les coupables. Les forces nationalistes sont battues et dispersées au Nord de Serroudj les 5, 6 et 7 mai. Pendant ce temps, notre garnison d’Aïntab a été de nouveau attaquée et se trouve en péril. La colonne Debieuvre revient encore une fois sur cette ville en bousculant, le 23, toutes les forces kémalistes de la région, réunies pour lui barrer la route.

Les troupes de la division de Lamothe ont ainsi marché sans arrêt de mars à mai, pour porter leurs armes aux points les plus menacés. Elles ont combattu à Biredjik le 5 mars, à Tel Abiad le 11 mars, devant Aïntab du 26 au 28 mars et du 13 au 18 avril, à Serroudj les 5, 6 et 7 mai, et encore à Aïntab le 23 mai. Grâce à leurs efforts, l’ennemi qui s’avançait de l’Est, plein d’espoir, à la suite de son honteux succès d’Ourfa, était rejeté vers l’Est, et Aïntab nous restait.


Mais l’effort était à son maximum. C’était le moment où les Chérifiens commençaient à se préparer ouvertement à nous faire la guerre ; les renforts attendus de France n’arrivaient pas, les pertes s’accentuaient, les dépenses augmentaient, tout concourait à rendre nécessaire de saisir la première occasion d’une tentative de conciliation avec l’ennemi. Or, elle se présenta dans