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L’ŒUVRE DE LA FRANCE EN SYRIE.


continu de l’effort des troupes du général Dufieux en Cilicie, la question de Damas va entrer dans une phase décisive.


Mais il restait à maintenir pendant ce temps la situation dans le Nord, et à entretenir sans défaillance une lutte que les Kémalistes avaient proclamé leur volonté de poursuivre.

À la fin de juin, elle reprend avec une violence accrue ; la tâche devient rapidement très dure pour des troupes éprouvées par dix mois de luttes antérieures et par les rigueurs de l’été. Bientôt Mersine, Tarsous, Adana, sont investies et serrées de très près par des forces importantes, bien munies de mitrailleuses et d’artillerie. Pour accroître ses disponibilités, le général Dufieux doit évacuer les postes de l’Amanus et les ramener sur Adana. Les garnisons de ces postes procèdent à leur évacuation méthodique, font leur jonction, et, sous les ordres du colonel Dubuisson, arrivent à Adana le 25 juillet, après un mois de marches et de combats ininterrompus.

L’arrivée de la colonne Dubuisson apporte à la garnison d’Adana un renfort opportun. Tarsous, assiégé depuis le début du mois, bombardé et attaqué à plusieurs reprises, demandait un secours que le général Dufieux, faute de disponibilités, ne pouvait lui donner. Grâce au retour de la colonne Dubuisson, le 25, une nouvelle colonne de quatre bataillons d’effectif bien diminué, mais pleins d’ardeur, sort d’Adana; deux jours après, le 27, elle enfonce, sous une chaleur torride, plusieurs milliers de Turcs, bien encadrés et commandés par des officiers allemands, qui cherchaient à leur barrer la route, débloque Tarsous, et, toujours combattant, pousse jusqu’à Mersine. Au retour, la même troupe ravitaille Tarsous, malgré l’ennemi, et rentre superbe d’allure à Adana, malgré des fatigues surhumaines.

De leur côté, Djihan, Toprak-Kalé, Osmanié sont bloqués et attaqués. Les garnisons de Tarsous et d’Adana sont serrées de près. L’ennemi est de plus en plus nombreux et organisé. Aux bandes kémalistes du début, se sont substituées dans le courant de l’été des formations solides, bien armées et manœuvrant à l’européenne. Contre cet adversaire, malgré la disproportion du nombre, malgré six mois de combats incessants, malgré le climat, nos troupes diminuées par les pertes et les maladies continuent la lutte sans arrêt.

Dans le commandement du général de Lamothe, la lutte ne