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d’Italie. Maxence se consolidait, préparait des armées, destinées, disait-on, à arracher la Gaule à Constantin et l’Illyrie à Licinius, et se rapprochait de Maximin, qui poursuivait vigoureusement la persécution des chrétiens en Syrie, en Égypte et dans les autres provinces. A son tour, Constantin s’approcha de Licinius, auquel il donna pour femme sa sœur Constance, prépara une armée, lia en Italie des intelligences secrètes pour ne pas répéter l’erreur de Sévère et de Galère, et entrer dans la péninsule comme en pays ennemi. Lorsqu’il se crut prêt, au commencement de 312, il passa les Alpes par le mont Cenis, avec environ 50 000 hommes, dont la moitié se composait de légionnaires choisis et éprouvés ; il brisa facilement les premières résistances ; il s’empara de la vallée du Pô et marcha ensuite contre la métropole. Maxence n’avait pas bougé de Rome, confiant dans la forte position de la ville, dans ses nombreuses armées et dans tous les obstacles, qui avaient fait échouer les expéditions de Sévère et de Galère. Mais Constantin avait mieux préparé son expédition, et il avait pour lui une partie de la population : les chrétiens. Il ne fut donc pas arrêté en route par les difficultés et les résistances dont Sévère et Galère n’avaient pas pu triompher. Lorsque Maxence sut que Constantin s’approchait de Rome, à la tête d’une forte armée, après une marche victorieuse, et que les populations fatiguées de son gouvernement avaient favorisé l’invasion, il comprit qu’il ne pouvait rester enfermé dans les murs auréliens, et il sortit de la ville pour affronter en champ ouvert l’ennemi. La bataille eut lieu à Saxa ou à Castra Rubra, auprès de l’actuel Ponte Milvio : elle se termina par la défaite de Maxence. Maxence lui-même et une grande partie de son armée périrent dans le fleuve (25 octobre 312). Le lendemain, le vainqueur fit son entrée à Rome. Le corps des prétoriens fut dissous, et leur camp où tant d’empereurs avaient été élevés et déposés, démantelé. Mais beaucoup plus agréables au Sénat durent être ce jour les paroles déférentes, que Constantin voulut lui adresser, en lui promettant presque une restauration des anciennes prérogatives. Il eut en récompense le titre de premier Auguste et un arc triomphal, qu’on peut encore admirer et qui fut orné des dépouilles de l’arc de Trajan.