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qui dans leurs conceptions politiques faisaient preuve souvent d’une audace naïve qui nous manque, avaient trouvé une solution de cette difficulté très radicale, lorsqu’ils avaient fait des souverains des divinités. Etant des dieux, les rois pouvaient avoir des privilèges, qui auraient été absurdes pour des hommes. Le Christianisme a détruit cette justification du pouvoir monarchique un peu grossière, mais excellente pour les esprits simples ; ce qui explique pourquoi le problème politique est devenu, après son avènement, bien plus difficile et complexe qu’il n’était auparavant. Constantin en fit la première expérience à ses dépens. S’il y eut un empereur qui fit les suprêmes efforts, après sa victoire sur Licinius, pour reconstituer l’unité de l’Empire, pour lui donner de nouveau un gouvernement cohérent et puissant, pour sauver la civilisation ancienne, sa culture et ses arts, ses lois, ce fut Constantin.

Combien son œuvre fut riche, variée et tenace ! Une rapide exposition en donnera une idée. Il remania définitivement le système politique et administratif de Dioclétien, en cherchant à renforcer l’Etat. Si le souverain n’est plus considéré officiellement comme un dieu, la cour devient tout à fait orientale ; la pompe du cérémonial, les complications de l’étiquette, le luxe des courtisans, le mystère dans lequel se cache l’empereur, sont grandement accrus. Les grands dignitaires ont sous leur dépendance un nombreux personnel, minutieusement hiérarchisé et titré. Ce sont : le questor sacri Palatii qui reçoit les instances et prépare et contresigne les lois que le Consistorium discutera ; le magister officiorum, une sorte de ministre de la maison royale, qui dirige le personnel de la police, les gardes du palais, les employés de l’administration centrale ; les deux ministres des Finances, le comes sacrarum largitionum et le comes rerum privatarum. Le nouveau Conseil de l’empereur, le Consistorium, prend lui aussi une plus grande régularité que sous Dioclétien.

Au-dessous des ministres de la maison impériale et du Consistorium se trouve la bureaucratie, créée par Doclétien et notablement amplifiée par Constantin. L’augmentation de la bureaucratie est un des phénomènes, qui accompagnent la décadence et la dislocation de l’Empire. Tous les hauts fonctionnaires de l’Empire ont un bureau, un scrinium à leur dépendance, et chaque scrinium a un personnel hiérarchisé, qui servira de